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HISTOIRE DE LA POMME DE TERRE

tacles globuleux, signalés par Tulasne, n’était rien autre qu’une utricule sphérique femelle, que le filament végétatif qui lui donnait naissance émettait une autre branche plus ou moins claviforme qui venait y adhérer, et que ce renflement claviforme constituait une anthéridie, dont le contenu représentant l’élément mâle venait en se déversant dans celui de l’utricule femelle produire une fécondation. Le résultat de cette fécondation était la formation d’un corps sphérique plus ou moins verruqueux, à membrane épaisse » pouvant par suite résister aux intempéries de l’hiver pour en laisser sortir au printemps le germe ainsi conservé. C’était, autrement dit, un véritable œuf. On a, par suite, appelé oogone, organe de formation de l’œuf, l’utricule femelle, et oospore, l’œuf fécondé jouant le rôle de spore dormante jusqu’au réveil du printemps. C’étaient des oogones, renfermant des oospores, que M. Worthington Smith avait cru avoir découverts dans les tissus de la Pomme de terre malade, et qu’il avait rattachés au Peronospora infestans, alors que ces organes appartenaient à une autre espèce de Champignon. Ces explications feront mieux comprendre les passages suivants du Mémoire de De Bary, de 1876, que nous traduisons en ces termes.

«… Il est évident que nous ne sommes pas beaucoup plus avancés aujourd’hui que nous ne l’étions, il y a quinze ans, dans la connaissance de l’histoire mycologique du parasite de la Pomme de terre. Les corps verruqueux en question pourraient-ils être ses oospores ? En vérité, leur apparition dans les tissus de la Pomme de terre en Europe serait si extraordinairement rare, qu’on pourrait se demander si elles ne se rencontreraient pas plus fréquemment sur d’autres plantes nourricières que la Pomme de terre, ou bien si cela n’a pas lieu dans d’autres climats que le nôtre. Il ne serait pas impossible, en effet, que le fait eût lieu dans d’autres contrées ou sur d’autres espèces, et ce que nous savons d’après d’autres Champignons pourraient même rendre cela probable. Mais en posant ces questions, je sors du domaine de la morphologie pour étudier les phénomènes de l’adaptation.

» Si l’on me demandait quelle pourrait être cette plante hospitalière, il me serait aussi peu permis de le dire maintenant qu’il y a quinze ans. On a observé le parasite de la Pomme de terre sur d’autres espèces de la famille des Solanées qui croissent dans les jardins, mais sans que celles-ci présentent des particularités diffé-