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SES ENNEMIS ET SES MALADIES

rentes de celles qui se montrent sur la Pomme de terre ; de plus, le parasite s’y observe moins fréquemment. Sur le Solanum Dulcamara ou Douce-Amère, il ne croît que dans une condition famélique, et on ne l’a pas encore remarqué sur d’autres espèces indigènes. Berkeley a signalé ce fait que le Phytophtora infestans se rencontrait sur l’Anthoceris viscosa, une plante de la Nouvelle-Hollande qui appartient à la famille des Scrophulariacées, très voisine de celle des Solanées. En s’appuyant sur cette observation, on pourrait se demander si la plante, sur laquelle le parasite de la Pomme de terre formerait ses oospores, ne serait pas une de nos Scrophulariacées européennes, une des herbes sauvages de nos champs, telles qu’une Véronique ou une Linaire. Les recherches spéciales qui ont été faites à ce sujet, pas plus que l’examen et la comparaison de tous les nombreux échantillons mycologiques recueillis, depuis longtemps, n’ont jamais abouti qu’à un résultat purement négatif. Le Phytophtora n’a été observé sur aucune espèce indigène de Scrophulariacées.

» Toutefois, je puis ajouter ici que j’ai trouvé, cette année, le parasite de la Pomme de terre sur une espèce exotique de cette famille, le Schizanthus Grahami, sur lequel, si je ne me trompe, il n’avait pas encore été observé jusqu’ici. Il s’est montré sur cette plante ornementale, dans un jardin près de Strasbourg, appartenant au Dr Stahl, vers la fin de Juillet, alors que les champs de Pomme de terre étaient excessivement attaqués par le parasite. On remarquait, sur cette plante, les mêmes phénomènes de destruction des tiges, des feuilles, des bourgeons ; le développement du Champignon y était extraordinairement luxuriant. Mais là, non plus, on ne découvrit point d’oogones. Cet exemple, de quelque valeur qu’il soit, nous fait connaître une nouvelle plante hospitalière pour le Phytophtora, et nous indique en même temps la possibilité de retrouver d’autres espèces sur lesquelles il pourrait vivre tout aussi bien, et même former des oospores. Le fait que le Schizanthus Grahami est une plante chilienne, et par suite indigène dans la même région que le Solanum tuberosum et ses espèces affines, peut en lui-même ne pas être de grande importance ; toujours est-il qu’il y avait lieu de le signaler[1].

  1. — Plus récemment, M. de Lagerheim (Revista Ecuatoriana, 1891) a signalé le