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Page:Roze - Histoire de la Pomme de terre, 1898.djvu/36

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22 HISTOIRE DE LA POMME DE TERRE

tuberosum. Il s’exprime, en effet, en ces termes[1], dans un mémoire dont nous traduisons ce qui suit.

« Nonobstant toutes les recherches qui ont été faites relativement à l’origine de la véritable Pomme de terre sauvage, des témoignages douteux et contradictoires obscurcissent encore son histoire. Sans nous arrêter aux anciennes allégations aujourd’hui abandonnées, nous voyons que Meyen, dans sa Géographie botanique cite, comme sa station naturelle, toute la côte occidentale de l’Amérique du Sud et assure qu’il l’a lui même trouvée à l’état sauvage en deux endroits, sur les Cordillères du Pérou et du Chili ; puis, adoptant le témoignage des Botanistes espagnols, Ruiz et Pavon, il ajoute qu’elle croît spontanément sur la Montagne de Chancay, tout en déclarant positivement, à ce qu’il semble d’après Humboldt, qu’elle n’était pas cultivée par les Mexicains avant l’arrivée des Européens. Il n’est pas cependant absolument certain que les plantes trouvées par Meyen et les Espagnols aient été réellement sauvages. M. Darwin a recueilli des preuves plus évidentes sur ce sujet, pendant le Voyage du Beagle. À la latitude de 45° Sud, sur la côte de l’Amérique du Sud, se trouve un groupe d’îles, appellé par les Géographes l’Archipel des Îles Chonos. « La Pomme de terre sauvage, dit M. Darwin, croît dans ces îles en grande abondance sur le sol sablonneux à coquilles du bord de la mer. Les plus grandes tiges avaient quatre pieds de long ; les tubercules étaient généralement petits, mais j’en ai remarqué un, de forme ovale, qui avait deux pouces de diamètre : ils ressemblaient à tous égards à ceux des Pommes de terre d’Angleterre ; ils avaient la même odeur, mais après la cuisson ils se rétrécissaient beaucoup, et étaient aqueux et fades, sans aucun goût d’amertume. Ils sont indubitablement ici indigènes ; ils croissent assez loin dans le Sud, d’après M. Low, jusqu’au 50° de latitude. Les Indiens sauvages de cette région les appellent Aquinas. Le Professeur Henslow, qui a examiné les échantillons desséchés que j’ai rapportés ici, dit qu’ils sont semblables à ceux décrits par M. Sabine, provenant de Valparaiso, mais qu’ils constituent une variété qui a été considérée par quelques botanistes comme suffisamment caractérisée. Il est remarquable que la même espèce de

  1. Journal of the Horticultural Society of London, vol. III (1847).