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SES ENNEMIS ET SES MALADIES

un très petit disque ponctiforme, qui s’insinue dans le grain de fécule et y pénètre en développant des ramifications allongées, enchevêtrées les unes dans les autres, lesquelles dissolvent la fécule en se l’appropriant, de telle sorte que le grain qui a hospitalisé ce parasite apparaît bientôt perforé en tous sens dans son intérieur. Nous avons obtenu, par des cultures spéciales, de faire attaquer de même des grains de fécule de Blé par cet Amylotrogus. Ces grains, plus petits que ceux de la fécule de Pomme de terre, n’en étaient pas moins rongés de même. Seulement, les plasmodes ont des ramifications plus ténues, ce qui paraît dû à une densité plus grande de la fécule[1]. Celle du Maïs a été semblablement attaquée.

Mais, pour en revenir à l’histoire du Phytophtora infestans, il nous paraît utile d’ajouter ce qui suit à ce que nous avons dit plus haut.


Fig. 143 à 145. — Bacterium lactescens, fixé par une matière colorante. a, cellule libre, d’autres en voie de scissiparité ; b, chaînette de six cellules végétatives, c, cellules sporigènes. (Grosst. 800/1.)

Le résultat obtenu par De Bary, dans sa dernière expérience, de pouvoir constater le développement du Phytophtora sur un seul tubercule planté avec une cinquantaine d’autres, dans un châssis, alors que toutes ses Pommes de terre avaient été artificiellement infectées au moment de la plantation, les soins mêmes qui avaient pu être donnés à cette culture, ce résultat, disons-nous, ne laissait pas que de laisser du doute dans notre esprit, parce que ce savant observateur en avait conclu que cela devait se passer ainsi dans les champs, en plein air. Le Phytophtora est, en effet, un parasite destructeur des tissus qu’il envahit ; si les germes de son Kidney rouge n’avaient pas été tués, cela ne pouvait être dû qu’à leur développement rapide, assez rapide même pour que le parasite n’eût que le temps de mortifier en longueur une légère surface de l’épiderme des germes en croissance. C’était ce que De Bary obtenait d’ordinaire dans son laboratoire.

  1. — Voir, pour plus de détails : Bulletin de la Société mycologique de France (1897-1898).