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Page:Roze - Histoire de la Pomme de terre, 1898.djvu/461

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UTILISATION DE LA POMME DE TERRE

mange avec une sorte d’avidité, sans que leur usage soit suivi d’aucuns inconvénients. Les Anglois en sont si friands, qu’on en voit dans les marchés de Londres, lorsque à peine ces tubercules sont formés, ainsi que beaucoup d’autres racines. On enlève les plus grosses en fourrant la main sous le pied sans remuer la plante ; on couvre ensuite le trou avec le plus grand soin : elle n’en continue pas moins sa végétation jusqu’au véritable moment de la récolte, mais il faut éviter d’opérer pendant les grandes chaleurs. Cette circonstance bien avérée prouve qu’elles sont déjà douées alors de leurs propriétés et devroit rassurer les hommes chargés de veiller à la salubrité des aliments, et les empêcher de proscrire l’usage des Pommes de terre, sous le simple soupçon que n’ayant pas atteint la perfection de leur maturité, elles peuvent, comme les grains dans ce cas, devenir dangereuses à la santé ».

Ce procédé d’arrachage anticipé n’est plus employé, depuis qu’en Angleterre comme en France les variétés hâtives ont permis de faire des récoltes plus tôt qu’autrefois, et surtout depuis que le Midi de la France et l’Algérie peuvent nous envoyer vers Pâques des Pommes de terre de primeur.

Mais, en 1809, dans le Dictionnaire raisonné d’Agriculture, Parmentier s’exprimait ainsi, à propos des usages de la Pomme de terre pour l’homme :

« De toutes les propriétés qui rendent les Pommes de terre recommandables aux habitants des villes et des campagnes, la plus précieuse est celle de leur offrir un comestible tout fait ; ils peuvent aller dans leur champ déterrer ces racines à onze heures, et avoir à midi une nourriture comparable au pain.

» Les Cantons, qui ont adopté cette culture, attendent avec impatience la saison qui ramène ce légume sur nos marchés, et la privation d’un pareil bienfait serait un véritable fléau pour eux. Il existe maintenant en Europe des pays entiers qui en font pendant l’hiver leur principale nourriture : eh ! pourquoi l’aliment de ces racines serait-il plus grossier que celui des semences graminées ou légumineuses ? Il n’y a pas de farineux non fermentés qu’on puisse manger en plus grande quantité et aussi souvent que des Pommes de terre ; mais elles ne sont pas seulement l’aliment le plus simple, le plus commode et le plus salutaire pour l’homme, elles peuvent devenir le meilleur engrais pour le bétail ».