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Page:Roze - Histoire de la Pomme de terre, 1898.djvu/66

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52 HISTOIRE DE LA POMME DE TERRE

herbier, je crois pouvoir affirmer, avec plus de certitude qu’auparavant, quelles formes indigènes ont été confondues avec le S. tuberosum, mais il n’en est pas résulté pour moi de changer d’opinion sur le type originel de la plante cultivée. »

« Quand on regarde, ajoute plus loin A. de Candolle, les figures publiées jadis par De l’Escluse (Clusius) et Gérard, on est surpris du peu de changement qui s’est opéré dans les organes aériens de la plante. Clusius décrivait la Pomme de terre introduite du Pérou dans le midi de l’Europe au XVIe siècle, par les Espagnols ; Gérard, celle introduite un peu plus tard en Angleterre et en Irlande, par Herriott, compagnon de Walter Raleigh[1]. Les feuilles, fleurs et fruits sont identiques dans ces deux planches et dans la Pomme de terre aujourd’hui cultivée[2]. La forme et l’abondance des tubercules sont telles qu’on les voit encore très souvent, mais les cultivateurs ont multiplié beaucoup de tubercules de forme, grosseur, couleur, saveur ou précocité diverses. Toutes les variétés agricoles reposent sur cet organe variable, dont on a intérêt à conserver les modifications. Le calyce, dans les anciennes figures, est exactement celui de la plante actuelle. Ses lobes sont des lanières allongées, pointues ou lancéolato-acuminées, quelquefois sur le même individu. La corolle variait jadis du bleu à des teintes rosées et au blanc avec raies verdâtres, mais Clusius a eu soin de dire que des semis de fleurs colorées avaient donné quelquefois des fleurs blanches, et de nos jours la couleur varie… »

« Darwin, dit-il encore, a soutenu que les organes ou les carac-


  1. — « Malgré ces dates d’introduction bien constatées par les botanistes et citées souvent par eux, disait de plus en note l’illustre monographe, on ne cesse de répéter dans des ouvrages anglais que la première introduction était celle par W. Raleigh, et dans quelques journaux français on attribue l’introduction à Parmentier, dont le seul rôle, digne de louange, a été de répandre la culture de l’espèce à la fin du XVIIIe siècle. »
  2. — Dans une seconde note, A. de Candolle disait également à ce propos : « Il y a probablement de bonnes, planches modernes de la Pomme de terre dans les ouvrages destinés aux enfants, mais je n’en trouve pas dans les livres de botanique… » De quelle preuve incontestable le célèbre auteur aurait-il pu appuyer son opinion très juste de la fixité de l’espèce, s’il avait connu cette belle aquarelle de 1588 dont nous donnons la reproduction au commencement de cet ouvrage. Il n’eût, sans doute, pas réclamé non plus une meilleure représentation de la Pomme de terre. On doit avouer qu’il est vraiment singulier que pas un auteur, après De l’Escluse, n’ait fait mention, de l’existence de ce dessin historique.