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Page:Roze - Histoire de la Pomme de terre, 1898.djvu/67

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TYPE SAUVAGE DE LA POMME DE TERRE 53

tères persistent ordinairement de génération en génération quand ils ne sont ni nuisibles, ni utiles à l’espèce. L’observation et le raisonnement font comprendre, en effet, qu’une condition nuisible s’oppose à la durée héréditaire d’une forme ou tout au moins la rend problématique dans la lutte entre les êtres organisés, mais qu’une condition sans danger et sans utilité pour l’espèce ou, dans le cas de plantes cultivées, pour l’homme, peut subsister en raison même de son insignifiance.

» Dans les Solanum à tubercules, le nombre et la forme des segments de la feuille, la forme des lobes du calice et leur attache sessile ou pétiolulée, la grandeur ou la couleur de la corolle, la forme ou la grosseur des baies, le nombre des graines et quelques autres caractères n’ont pas de conséquences physiologiques, attendu que la propagation se fait au moyen des tubercules, et qu’en même temps l’homme n’accorde à ces caractères aucune attention au point de vue de son intérêt. S’il opère quelque sélection, c’est en soignant et plantant les plus gros tubercules, ce qui conduit à éliminer aussi les variétés qui fleurissent et fructifient le plus, car la fécule se produit alors dans le haut de la plante au détriment des rameaux souterrains. Les autres caractères paraissent avoir moins d’importance pour le produit et les cultivateurs ne s’en sont guère occupés.

» La règle générale est donc, si l’on veut chercher l’état primitif d’une espèce cultivée, de faire attention, surtout aux organes et aux caractères que l’homme n’a pas intérêt à voir changer.

»… La grandeur, la forme et la pubescence des segments de la feuille varient plus dans les Pommes de terre cultivées que les lobes du calyce. Ceci est conforme à ce qu’on pouvait prévoir d’après la règle invoquée tout à l’heure. Il est possible, en effet, que les surfaces foliacées influent sur l’abondance de la fécule, ce qui a pu engager les agriculteurs à préférer telle ou telle modification des feuilles. Au contraire, les lobes du calyce ne pouvant influer en aucune manière sur les tubercules, ils se sont conservés tels depuis trois siècles.

» Cherchons quelles sont les formes spontanées de l’Amérique méridionale qui ressemblent le plus au S. tuberosum cultivé.

» J’éliminerai d’abord les espèces ou variétés du Chili et des pays adjacents où les lobes du calyce sont obtus. C’est le cas, par exem-