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divisions, & les renvois aux différens articles des divisions. Voyez en outre le mot Crise) M. B.


AIGUILLE. Instrument piquant & tranchant employé par la chirurgie pour faire des points de suture. D’après la pratique de M. Lafosse, si connu par son bel ouvrage d’hippiatrique, & par son dictionnaire sur le même sujet, il seroit avantageux de se servir de l’aiguille pour passer des attaches à la peau dans de très-grandes plaies des chevaux ou des bœufs. Ces attaches contiendroient l’appareil. Cette méthode est même indispensable dans les parties charnues, & dans celles où il n’y a pas de possibilité de faire tenir des bandages. La fistule à la saignée du col, les loupes au poitrail, au coude, au scrotum à la suite des dépôts, &c. sont les endroits où il convient de s’en servir. Il est des aiguilles droites, longues, larges, dont le tranchant est fait en forme de feuilles de sauge, & dont on se sert pour passer des sétons sur l’animal. L’opérateur prend un ruban qu’il passe dans le trou de l’aiguille ; ensuite la tenant d’une main, de l’autre, il pince la peau & la pique ; après quoi il pousse le tranchant en élevant chaque fois les tégumens, soit pour ne point les offenser avec la partie tranchante, soit pour ne point plonger dans les muscles. Cette méthode, que nous avons trouvée, dit M. Lafosse, est préférable au délabrement qu’occasionnoient les spatules dont on se servoit.


AIGUILLON, Botanique. On nomme ainsi les pointes ou les piquans dont quelques feuilles sont hérissées, ou qui sont placés sur les tiges & sur les branches de certaines plantes. On pourroit, au premier coup d’œil, confondre l’épine avec l’aiguillon ; cependant il se rencontre une différence essentielle entre ces deux productions. L’épiderme, ou la substance corticale, forme l’aiguillon, & l’épine naît de la propre substance ligneuse. L’aiguillon est seulement attaché sur l’écorce, & n’adhère nullement à la substance propre de la plante, du tronc, de la tige : en enlevant l’écorce on enlève l’aiguillon. Pour s’en convaincre, qu’on fasse bouillir une branche d’églantier, de rosier ; l’écorce se détachera facilement ; les aiguillons suivront l’écorce : il n’en reste pas la moindre impression sur le corps ligneux. La comparaison que M. Duhamel établit entre les ongles de l’homme, qui ne paroissent être qu’une continuation de la peau, avec l’aiguillon des plantes, formé de la substance corticale, est très-ingénieuse. ( Voyez Épine)

Les aiguillons n’ont pas toujours la même forme ; les uns sont droits, sans aucune courbure, les autres sont courbés la pointe en haut, & quelques-uns la pointe vers la racine. La même plante offre souvent des aiguillons dans ces différentes directions, comme une branche de rosier. Le rosier, la ronce, le groseillier, l’épine-vinette, le faux acacia, le brout de la châtaigne, les feuilles, &c. sont armés d’aiguillons. Quelle est la destination de ces singulières productions ? M. Malpighi les regarde comme un laboratoire propre à la préparation de la séve ; M. Duhamel semble leur