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abeilles ouvrières, & où elles sont élevées.


Section II.

Description des Alvéoles ou Cellules royales.


Les cellules royales n’ont aucune ressemblance pour la figure, ni pour la grandeur, avec celles des ouvrières & des faux-bourdons : les abeilles, qui dans la construction de celles-ci, montrent tant d’intelligence dans la figure géométrique qu’elles leur donnent, qui ménagent avec une si grande économie la cire & le terrain, abandonnent leur plan géométrique, leur économie, la beauté & l’élégance de leur architecture, lorsqu’il s’agit d’élever le palais dans lequel une reine doit naître & être soignée. L’intention des abeilles est, sans doute, de loger leur reine d’une manière distinguée ; la cellule qu’elle lui dessinent, qui paroît une masse informe & sans goût, est probablement pour elles un palais magnifique, & d’une élégance bien supérieure aux cellules ordinaires. (Fig. 6. Pl. 1. a, a, a, pag. 15.)

Les abeilles placent quelquefois ces cellules royales sur le milieu d’un gâteau, sans craindre de leur sacrifier un nombre assez considérable de cellules communes pour leur servir de base ou de support : d’autres sont attachées le long des côtés d’un gâteau qui ne touche point les parois de la ruche : assez communément elles choisissent les bords inférieurs d’un gâteau, où elles les attachent en forme de gland. Leur position n’est point la même que celle des cellules ordinaires. M. de Réaumur a observé qu’il est assez constant que leur axe soit dans un plan vertical ; ensorte que leur longueur se trouve être presque perpendiculaire à celles des cellules des ouvrières & des faux-bourdons. Swammerdam, qui a si bien décrit leur forme intérieure & extérieure, leur emplacement sur les gâteaux, ne dit rien de leur position relativement à celle des autres ; il se contente de la déterminer par les dessins qu’il en a donnés : ils peuvent induire en erreur, parce qu’on y voit que l’axe de la cellule royale a un plan vertical comme les autres ; tandis que M. de Réaumur a observé qu’il étoit presque perpendiculaire à celui des cellules communes.

Une cellule royale ressemble, quand elle n’est que commencée, au calice d’un gland de chêne, dont le pédicule disparoît à mesure que les abeilles finissent de la construire : sa surface intérieure est très-unie ; l’extérieure est raboteuse & inégale lorsqu’elle est terminée ; elle est alors d’une figure oblongue, qui ressemble assez bien à une poire peu grosse dans son milieu, dont l’intérieur seroit creusé. Les abeilles n’épargnent rien de ce qui peut contribuer à rendre ces cellules des édifices très-solides : la cire qu’elles emploient avec une si grande économie, quand elles bâtissent leurs propres cellules, est prodiguée pour celles-ci. M. de Réaumur, étonné de leur grandeur prodigieuse, voulut s’assurer quel étoit le poids de ces cellules royales relativement aux communes. Pour cet effet, il en pesa une qui n’avoit point encore toute sa longueur, & qui n’étoit pas des plus grandes ; il trouva qu’il