Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1781, tome 1.djvu/470

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

fruit, mais très-obliquement, & presque sur le côté. Le brou est ordinairement épais d’une ligne ; ainsi le noyau, qui est de même forme, n’a environ que deux lignes de moins sur chaque dimension. Son bois est dur, son arête peu sensible, & il renferme une amande grosse, ferme & de bon goût.

Cet arbre a, comme les autres, sa variété, qui est l’amandier à gros fruit à amande amère. Cette amande ne diffère de l’autre que par sa forme moins alongée & plus ronde.


IV. Amandier à fruit amer. Je pense que cette espèce est moins éloignée de son origine que les amandiers à fruits doux. S’il faut s’en rapporter à ce que disent les voyageurs, ils ne parlent que des amandiers à fruits amers. Les romains eux-mêmes, avant le tems de Caton, ne connoissoient que l’amandier amer, & dans la suite ils se glorifièrent d’avoir fait disparoître l’amertume de son fruit ; c’est ainsi que Pline s’explique. On doute si du tems de Caton il y avoit des amandes en Italie, car celles dont il fait mention sont les noix grecques, mises par quelques-uns au nombre des diverses sortes de noix. C’est d’Asie que les romains apportèrent l’amandier en Europe. La première espèce qui fut apportée à Rome étoit donc amère ; ce qui laisse à penser que l’amandier amer est l’amandier primitif.

Sa fleur est plus grande que celle de l’amandier commun ; ses pétales moins larges en proportion de leur longueur, fendus plus profondément en cœur, & ils conservent, après leur développement, une teinte de rouge très-légère, plus caractérisée vers l’onglet.

Le fruit est beaucoup plus alongé & terminé en pointe plus longue & plus aiguë.

Cet amandier a une variété également à fruit amer, mais beaucoup plus petit, & sa fleur plus grande, dont les pétales sont plus étroits.


V. Amandier-Pêcher. Amygdalus persica, ou malus persica amygdalo insita. H. R. parisiensis. (Voyez Pl. 13, pag. 446). Voilà certainement une espèce hibride, (voyez ce mot) formée par la réunion de la poussière fécondante des fleurs du pêcher avec celle de l’amandier, & qui est devenue constante par le secours de la greffe.

Cet arbre tient du pêcher, & plus encore de l’amandier. Il est vigoureux, s’élève & fructifie en plein vent ; ses bourgeons sont verts, ses feuilles de grandeur & de forme mitoyenne entre celles du pêcher & celles de l’amandier ; elles sont unies, étroites, d’un verd blanchâtre, dentelées très-finement par les bords. Les fleurs sont grandes, presque blanches, teintes très-légérement de rouge, plus ressemblantes à celles de l’amandier, qu’à celles du pêcher.

On trouve souvent sur le même arbre & sur la même branche, deux sortes de fruits. Les uns sont gros, ronds, divisés suivant leur longueur par une gouttière, très-charnus & succulens comme la pêche. La peau & leur chair sont vertes, leur eau est amère, ils ne sont comestibles qu’en compote. Les autres sont gros, alongés, n’ont qu’un brou sec & dur qui se fend comme celui des