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des différentes opinions sur la théorie des abeilles, la reine est la seule femelle de l’espèce, & les faux-bourdons en sont les mâles, quoiqu’il ne soit pas parfaitement démontré que leur accouplement est nécessaire pour la reproduction des individus abeilles. Les expériences par lesquelles on prétend prouver que l’accouplement & l’effusion du sperme des mâles sur les œufs, sont inutiles pour rendre féconds les germes de l’espèce, ne suffisent pas pour établir quelque chose de certain à cet égard, puisque les mêmes expériences ont donné des résultats différens à divers observateurs : d’ailleurs il est très-probable que la plupart ont été induits en erreur dans leurs observations par les faux-bourdons de la petite espèce qu’ils n’ont point distingués des abeilles ouvrières, & qui peuvent être communs parmi elles.

Le sexe des abeilles ouvrières est encore un fait dont il est permis de douter : M. Schirach n’a point apperçu dans leur intérieur, l’ovaire qu’il s’étoit flatté de découvrir : M. Riem est le seul qui ait trouvé des œufs dans les boîtes où il n’y avoit que des ouvrières : sans attaquer la vérité de ses découvertes, on peut desirer & attendre que les observations sur ce sujet soient répétées par d’autres naturalistes aussi intelligens, avant de se décider à ne plus regarder les abeilles ouvrières comme des neutres. Ce n’est que par de nouvelles expériences qu’on peut répandre plus de lumières sur cette partie de l’histoire naturelle.


CHAPITRE VI

De la ponte de la Reine.


Section première.

Dans quel tems commence la ponte de la Reine, & quand finit-elle.


La reine n’a point de tems marqué pour pondre ; elle fait des œufs dans toutes les saisons de l’année, excepté lorsque le froid est très-rigoureux ; alors toute sorte d’occupation & de travail cesse dans l’habitation : c’est par le moyen de cette ponte, presque continuelle, que l’état répare les pertes journalières qu’il fait d’une partie de ses sujets. Au printems la reine recommence sa ponte, qui avoit été interrompue pendant l’hiver ; elle n’est jamais si considérable que dans cette saison, comme on en peut juger par la quantité des essaims qui partent alors d’une ruche.


Section II.

De l’ordre que suit la Reine dans sa ponte, & comment elle la fait.


Swammerdam assure que la reine commence sa ponte par les œufs des abeilles ouvrières ; qu’elle pond ensuite quatre ou cinq œufs qui doivent donner des femelles, & qu’elle finit par quelques centaines d’œufs de faux-bourdons. M. de Réaumur prétend qu’elle connoît l’espèce d’œufs qu’elle est pressée de déposer, & la marche qu’elle observe dans sa ponte est capable de le faire soupçonner ; souvent elle passe devant une cellule de mâles qui est vuide sans y rien déposer, tandis qu’elle s’arrête à