Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1781, tome 1.djvu/650

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

rient pour la forme dans les différentes familles d’animaux & de plantes. Les uns & les autres, mis dans l’eau, y sont agités d’un mouvement rapide, & le globule, semblable à l’animalcule, d’après les observations de Leuwenhoëck, s’ouvre à la partie latérale, laisse échapper une matière gélatineuse qui s’étend sur l’eau sans s’y mêler. C’est-là précisément l’aura seminalis, seul principe de la fécondation. Dans les deux règnes, elle agit comme stimulant, communique la forme & le mouvement à la matière brute & informe renfermée dans l’utérus. Par un seul acte, tantôt quelques germes sont fécondés, tantôt un nombre prodigieux, & dans quelque classe d’animaux un seul. Chaque semence, comme chaque fœtus, a son enveloppe, son placenta, son cordon ombilical ; quelquefois il réunit deux germes, quelquefois le même en a deux. Le suc gélatineux, apporté par les vaisseaux de l’utérus & du péricarpe, les nourrit jusqu’à leur maturité.


Multiplication.

Nous avons déjà établi le parallèle entre la conception, l’incubation & la naissance des fœtus animaux & végétaux ; considérons les moyens dont ils se multiplient, & cherchons les rapports & les différences. La graine n’est pas le seul moyen par lequel se propage une plante ; le long espace de tems qu’il faut qu’elle parcoure depuis son enfance jusqu’à l’âge de sa force & de son rapport, frustreroit l’homme de ses espérances : la nature nous a appris à jouir plutôt, par la voie des rejetons & des boutures. Une branche d’arbre, une jeune tige séparée du tronc & plantée en terre, pousse bientôt des racines & des feuilles, & devient elle-même un arbre. La même branche peut en fournir des milliers, qui, au terme de leur accroissement, peuvent être multipliées par le même procédé. Cette fécondité, cette abondance de germe ne paroît pas exister dans les nombreuses classes des animaux ; mais certaines la possèdent éminemment : les polypes peuvent être coupés, déchirés presqu’à l’infini ; de leur débris naissent toujours d’autres polypes : vraies boutures, vrais rejetons, s’ils n’avoient pas l’animalité, ils seroient des plantes. La greffe fait croître une branche sur une autre branche ; les sucs de l’arbre nourrissent cette tige étrangère, & ce parasite devient bientôt partie de l’arbre sur lequel il est enté. Nous pourrions mettre en parallèle ce que M. Dubois en 1741 soutint en thèse de médecine, & dont il démontra la possibilité par l’expérience, que l’on pouvoit alonger les nez trop courts, avec des morceaux de chair enlevés au bras : l’ergot de coq implanté dans la crête du même animal, nous fournit un exemple de vraie greffe animale.


Monstres.

Il est difficile que sur un si grand nombre d’êtres vivans dans les deux classes, il ne se trouve pas des monstres, soit par excès, soit par défaut. Si l’on rencontre souvent des fœtus à plusieurs têtes, à plusieurs corps, à plusieurs membres, on peut remarquer aussi des fruits