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modèle pour faire les traits à la plume que l’on peut enluminer ensuite avec des couleurs.


Section III.

Trouver l’aire d’un terrain en perches & toises quarrées.


Le terrain a été mesuré, toutes ses dimensions sont connues : le plan en est tracé, lavé & enluminé sur une carte ; mais ce n’est pas cela seul que peut & doit se proposer quiconque s’occupe de l’arpentage : la valeur de ce même terrain & ce qu’il contient en arpent, perches, toises, &c. est d’une trop grande importance pour qu’il ne l’ait pas essentiellement en vue. Si les mesures étoient communes & uniformes, la manière d’estimer cette valeur seroit par-tout la même ; mais par malheur rien ne varie autant en France que les mesures en général : d’une province à l’autre, c’est une nouvelle étude à faire, & étude souvent d’autant plus embrouillée, que ce n’est pas quelquefois une seule portion de cette mesure qui varie, mais toutes les portions relatives. Le pied de roi qui devroit être uniforme, n’est pas le même d’une province à l’autre, & souvent d’une partie de province à l’autre. Les dénominations des grandes divisions varient pareillement : en Normandie, les terres se divisent en acre de cent soixante perches quarrées ; dans l’Agenois en carterées ; dans l’Anjou en journaux de cent perches quarrées de vingt-cinq pieds ; dans le Beaujolois & Lyonois en bicherées ; dans le Bordelois en reges ; en Dauphiné & d’autres provinces, en séterées ; dans une partie du Beauvoisis en mines de terre ; dans le Languedoc en saumées ; aux environs de Nantes en boisselées, hommées, ondains, &c. &c. presque toutes ces premières mesures se subdivisent en arpens, perches, toises. Voyez le mot Mesure, où nous donnerons une table des rapports de toutes les mesures linéaires de France comparées ensemble.

L’arpent, en général, est composé de cent mesures quarrées, communément appelées perches quarrées.

La perche royale a été fixée pour les biens du roi, à vingt-deux pieds courans de douze pouces ; elle varie dans toute la France depuis dix-huit jusqu’à vingt-huit pieds. Il est donc de l’intérêt de l’arpenteur de s’instruire avant tout, sur le lieu où il opère, de la valeur de la perche usitée ; il doit même en faire mention, afin de prévenir toutes contestations. Il est bon aussi de l’exprimer dans le plan terrier sur l’échelle des parties.

La perche quarrée, quelle que soit sa valeur, est le produit du nombre de ses pieds multipliés par eux-mêmes : ainsi, si la perche courante est de dix-huit pieds, la perche quarrée sera de trois cents vingt-quatre, ou de dix-huit multiplié par dix-huit qui égale trois cents vingt-quatre.

La toise courante a six pieds de longueur, & la toise quarrée a trente-six pieds de superficie. Le quarré, ou la superficie quarrée d’un terrain, est égal au produit de sa base multipliée par sa hauteur ; ainsi, si nous supposons un champ quadrangulaire qui ait une perche en tout sens, il aura une perche