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tanter la récolte. D’où tire-t-elle les nouveaux principes ? de l’air, de la chaleur, de la lumière du soleil, des pluies, de la neige, &c. mais la terre préparée ainsi que je l’ai dit, n’est-elle pas bien plus dans le cas de s’approprier les substances élémentaires, puisque ses pores sont plus ouverts, & sur-tout, disposés à une appropriation plus directe au moyen des plantes qui pourrissent & fermentent dans son sein ? Ce n’est pas le cas d’entrer ici dans de plus grands détails.

La troisième méthode d’alterner avec l’avoine est défectueuse. La racine du blé talle, celle de l’avoine talle davantage, & toutes deux s’enfoncent à peu de chose près aussi profondément ; de sorte que toutes deux épuisent les sucs de la superficie, & laissent intacts ceux de la couche inférieure. Ne vaudroit-il pas mieux, après avoir semé le blé en Octobre, par exemple, semer sur ce blé en Février ou en Mars, suivant le pays, du trèfle ? (Voyez ce mot) Le blé coupé, le trèfle végétera, donnera dans la même année une ou deux coupes, & trois ou quatre l’année suivante si la saison est favorable. Il résultera de cette diversité de semences, que les racines du trèfle qui pivotent, se nourriront des sucs de la couche inférieure, & laisseront ceux de la couche supérieure. Aux trèfles on peut substituer la luzerne, les raves, les navets, les carottes, les lupins, si le terrain est maigre. (Voyez ce mot)

Toute espèce d’avoine en général, effrite trop la terre ; c’est dommage de sacrifier des terres à froment pour leur culture. Une récolte passable de froment & même de seigle, vaut mieux que la plus superbe récolte d’avoine.

Un autre abus aussi destructeur, est de penser qu’un, ou tout au plus deux légers labours, suffisent pour l’avoine. Plus la terre est pauvre en principes, plus elle demande à être préparée.

Le troisième abus consiste à refuser des engrais à ces terres. Alors quelle récolte prétend-on avoir ? Les tiges seront éparses çà & là, les épis lâches & maigres, & le grain aride, sec, & ne contenant que du son. Voilà le produit, il valoit autant ne pas cultiver.

Un bon ménager ne sacrifie jamais ses terres à froment pour l’avoine ; il vaut mieux vendre son blé & acheter du grain pour la nourriture des bestiaux ; le bénéfice est clair & bien décidé. Heureux celui qui dans ses possessions n’a point de sol de médiocre qualité.

Quelques personnes ont été jusqu’à dire que le blé venoit très-beau après l’avoine, que cette plante divisoit le terrain ; cela est vrai si on la sème dans un terrain nouvellement défriché, & dont le grain est compacte & serré ; mais dans pareille circonstance, j’aurois mieux aimé semer de l’orge ; l’opération mécanique de l’émiettement de la terre auroit été la même, & la valeur du produit du grain auroit doublé.

Il faut conclure de ce qui vient d’être dit, 1o. qu’il n’y a aucune économie à sacrifier de bonnes terres pour la culture de l’avoine ; 2o. qu’elle appauvrit beaucoup la terre ; 3o. que les terrains légers lui conviennent si la saison est favorable ; 4o. que sa récolte est médiocre dans les terres argileuses, à