Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1782, tome 2.djvu/146

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

plus prochaines, d’où ne venant tenir les plaids que très-rarement, ils ne sont instruits des querelles qu’après que le levain s’en est aigri, & que le mal est incurable. Cependant de quelle utilité leur résidence au milieu de ces bonnes gens ne feroit-elle pas ? Obligés de tenir la main à la police, d’empêcher le braconnage, les jeux de hazard, de veiller sur les marchands, sur les tavernes, sur les mœurs, &c. la présence d’un bailli, respectable par une conduite pure, par une probité sévère, par une fermeté reconnue pour n’être que l’amour des règles, tiendroit tout dans le devoir. Le braconnier abandonneroit un métier dangereux & qu’il ne pourroit plus exercer dans l’ombre ; le marchand craindroit une inspection rigoureuse qui serviroit de frein à sa cupidité ; les taverniers n’oseroient recueillir pendant ou jusqu’à des heures indues, ces libertins que l’ivrognerie conduit à la fainéantise, & la fainéantise au crime ; ils n’oseroient pas surtout donner azyle à ces méprisables brelandiers qui perdent en une heure le fruit du travail d’une semaine, s’exposent au juste emportement de leurs femmes, aux cris, aux larmes de leurs enfans, dont ils jouent brutalement le pain, la vie ; l’adolescence dans les deux sexes, surveillée, devenue plus circonspecte dans ses démarches, les mariages seroient plus fréquens & les unions plus fortunées ; enfin pour entrer dans des détails bas, si l’on veut, mais point indifférens, puisque rien de ce qui touche l’humanité ne sauroit l’être, les villages, pour l’ordinaire réceptacles de fange & d’immondices, se nétoyeroient, se purifieroient, & sans doute s’assainiroient à la voix d’un juge qui, par la condamnation à une légère amende, auroit bientôt amené les habitans à goûter l’agrément & les avantages de la propreté, & de la salubrité qui en résulte.

Nous prévoyons à regret qu’on nous dira que le séjour des champs convient peu aux gens de justice, & que ce n’est pas là le lieu où l’on fait fortune.

Nous en conviendrons, en remarquant que ce n’est pas non plus le lieu où l’on est obligé de sacrifier au luxe, & de se ruiner par convenance. Mais bien mériter de sa patrie, contribuer à la félicité d’une foule de ses semblables, ramener l’innocence & la joie qui l’accompagne dans leurs foyers paisibles, voir le respect & l’amour naïf briller sur tous les fronts à son aspect, être certain que sa conservation entre dans les prières de toutes les familles, se lever en paix avec tout le monde, se coucher en paix avec soi même ; ces jouissances d’un cœur noble, d’une belle ame, valent bien les richesses, l’argent, les terres, qu’on n’acquiert pas sans peine, qu’on ne conserve pas sans inquiétude, & que trop souvent on ne possède pas sans remords. M. F.


BAIN. On distingue trois espèces de bains ; le bain entier, le demi-bain, & le bain par partie : le bain entier est celui dans lequel on plonge tout le corps, pendant un espace de tems limité ; le demi-bain est celui dans lequel on ne