Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1782, tome 2.djvu/192

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pourrois-je pas citer ? Qui est-ce donc qui agit sur une plaie ? Est-ce la nature ? est-ce le baume ? Un critique dira : c’est la nature, puisque les baumes plus ou moins composés de drogues, produisent le même effet à Londres, à Paris, à Nuremberg, &c. De l’eau simple, ajoute le critique, ou très-froide, ou tiède, ou chaude, suivant les circonstances, équivaudra à tous les baumes, si la plaie ne dépend pas d’un vice intérieur. Nous laissons aux maîtres de l’art à décider, quoiqu’il soit permis de douter, depuis que l’académie de chirurgie de Paris a prononcé sur l’abus des baumes, onguens & emplâtres. (Voyez le mot Onguent)

Les baumes les plus simples sont les meilleurs : celui du samaritain, autrement appelé baume de l’évangile, en est une preuve. Sa composition est simple & facile. Prenez de l’huile d’olive, ou de noix, ou de lin, non-rance, & du bon vin, parties égales ; faites cuire tout ensemble à petit feu, dans un pot de terre vernissée, jusqu’à la consomption du vin ; le baume fera fait. Il est excellent pour toutes les plaies simples, & fortifie les nerfs. Qui ne voit pas que l’huile, dans cet état, a été changée en corps savonneux & miscible à l’eau ; que lorsque l’on bassinera la plaie, soit avec le vin, soit avec l’eau, ces deux substances nettoieront la peau, & ses pores non-obstrués laisseront toute la liberté nécessaire à la transpiration. Pour nettoyer ou dégraisser la peau, connoît-on une substance plus utile que le savon ?

Afin de ne pas passer pour pyrrhonien sur l’article des Baumes, nous allons donner la composition de quelques-uns qui paroissent réunir tous les suffrages des maîtres de l’art. Un gros volume ne suffiroit pas, s’il falloit décrire tous les baumes composés, publiés en différens tems, & surtout la longue énumération des miracles qu’on leur attribue. Comme il est difficile, à la campagne, de se procurer l’attirail d’un laboratoire, les recettes suivantes seront faciles à exécuter.

Baume anodin de Bates ; savon blanc, 1 once.
Opium crud, 2 onces.
Esprit-de-vin rectifié, 9 onces.

Mêlez le tout ensemble ; laissez digérer sur un feu doux ; passez la liqueur ; ajoutez trois gros de camphre : ce baume appaise les douleurs. Il est utile dans les constrictions, dans les rhumatismes qui ne sont pas accompagnés d’inflammation. On en frotte la partie affectée, avec la main échauffée, ou bien on applique une compresse trempée dans ce baume. Il faut renouveler l’un ou l’autre, jusqu’à ce que les douleurs soient dissipées.

Baume de Geneviève, ou baume interne & externe.
Huile d’olive fine, non rance, ou forte, 3 livres.
Cire jaune, neuve, en petits morceaux, demi-livre.
Eau rose, Idem
Bon vin rouge ; trois livres, ou trois chopines.
Santal rouge, en poudre, deux onces.

Mettez le tout dans une terrine de terre vernissée, qui contienne environ cinq ou six pintes d’eau ; laissez bouillir pendant une demi-heure, remuant toujours la matière