Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1782, tome 2.djvu/242

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auxquelles les autres ne pensent pas ; cependant c’est de ces ressources combinées que résulte l’abondance & le bien-être des bestiaux.

3o. Des plantes légumineuses. En Flandre, en Artois, en Normandie, & dans un trop petit nombre d’autres provinces, on en sème beaucoup ; & on appelle dragée, le mélange des pois, vulgairement nommés vesce, des lentilles & des féves. L’année pendant laquelle ces terres ne sont pas destinées aux grains, produit la dragée. Dès que la fleur est nouée, & le grain formé, on fauche les plantes, & leurs racines deviennent un engrais pour la terre. (Voyez les mots Alterner, Amender.) Les fanes de toutes les espèces de pois cultivés dans nos jardins ou en plein champ, méritent d’être conservées pour la saison fâcheuse de l’hiver. On fera bien de laisser parfaitement dessécher sur pied celles qui sont destinées à produire la graine pour les semailles de l’année suivante ; les autres, au contraire, exigent d’être arrachées avant ce desséchement ; & quand même il y resteroit quelques gousses, elles vaudront mieux pour le bétail. Tous les lotiers, les melilots, les espèces de pois d’ers qui croissent spontanément dans les campagnes, sont aussi très-bons.

4o. Des différentes plantes champêtres, utiles en tout, ou par quelques-unes de leurs parties, pour la nourriture du bétail. M. le chevalier von Linné est peut-être le premier qui, dans son excellent ouvrage, intitulé : Amœnitates Academicœ, ait réuni dans un court abrégé, l’énumération des plantes utiles à l’homme, aux animaux & aux arts. M. Buc’hoz, dans son Manuel alimentaire des plantes, a suivi la même marche ; & l’on trouve dans les Mémoires de la Société économique de Berne, un recueil de MM. de Coppet & Ith, sur les plantes de Suisse qui peuvent servir à la nourriture du bétail. Nous allons faire connoître les plantes principales qu’ils indiquent.

Le sarrasin ou blé noir tient le premier rang. Dans quelques provinces de l’intérieur du royaume, on le sème après la récolte du blé & sur le même champ ; & à peu près vers le commencement d’Octobre, on l’arrache de terre. Les gelées blanches précoces l’abîment, sur-tout quand le grain n’est pas mûr. Il faut, pour le récolter, qu’il ait été semé dans le commencement du mois de Juillet. On voit par-là que cette culture dépend du climat qu’on habite, & des abris. (Voyez ce mot) Au contraire, dans les pays plus froids, on le sème après les gelées, surtout sur les hauteurs, dans les terrains maigres. Le bétail aime l’herbe verte & sèche. Le grain sert à engraisser les bœufs, les cochons, toutes sortes de volailles : broyé sous la meule, & mêlé avec l’avoine, il est très-agréable & très-sain pour les chevaux.

Les bœufs, les moutons aiment les feuilles d’ortie ; la graine est très-utile pour les jeunes dindonneaux.

La grande bistorte augmente sensiblement le lait de vache.

La racine de filipendule est recherchée par les cochons, ainsi que celle de la tormentille.

Le bétail recherche généralement