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Ferrure) Il arrive souvent que lorsque cet animal est soumis pour la première fois à l’opération de la ferrure, il s’inquiète, s’agite, donne du pied, & fatigue le laboureur le plus fort & le plus vigoureux ; mais le seul moyen de l’y accoutumer insensiblement, est de le flatter, de le caresser, d’être patient, & non de le battre, ainsi que nous le voyons pratiquer par certains habitans de la campagne ; aussi sont-ils souvent la cause que leurs bœufs sont quelquefois comme furieux & qu’ils deviennent indomptables.

C’est à l’âge de trois ans, trois ans & demi, qu’il faut accoutumer insensiblement le veau ou le jeune bœuf au joug, également par la douceur, les caresses & la patience, & en lui donnant de tems en tems de l’orge bouillie, des féves concassées, & d’autres alimens semblables dont il est très-friand, en l’attelant à la charrue avec un autre bœuf de même taille, & qui soit déjà dressé, en les menant ensemble au pâturage, afin qu’ils se connoissent & s’habituent à n’avoir que des mouvemens communs. L’aiguillon est ici prohibé, parce qu’il rendroit l’animal intraitable, & qu’il exige au contraire, d’être ménagé dans le travail, de peur qu’il ne se fatigue trop. S’il est très-difficile à retenir, s’il est impétueux, s’il donne du pied, ou est sujet à heurter de ses cornes, tous ces défauts disparoissent, en attachant l’animal bien ferme à l’étable, & en l’y laissant jeûner pendant quelque tems ; s’il est peureux, la moindre chose l’effraie ; le travail & l’âge en diminuant la crainte, remédient à ce vice : s’il est comme furieux, le moyen le plus sûr de le corriger & de le rendre docile, est de l’attacher à une charrette bien chargée, au milieu de deux autres bœufs, qui soient un peu lents, & de leur donner souvent de l’aiguillon.


CHAPITRE IV.

Des avantages de la Vache.


Section première.

Des Vaches qui donnent le plus de lait.

Les vaches ne sont pas seulement utiles par les veaux & le laitage qu’elles donnent : il y a bien des pays où on les met encore au trait & à la charrue, & où on les fait travailler comme les bœufs.

Les vaches de la Flandre, de la Bresse & de la Hollande, fournissent une grande quantité de lait. Les Hollandois tirent annuellement du Dannemarck, des vaches grandes & maigres, qui donnent en Hollande beaucoup plus de lait que les vaches de France. C’est apparemment cette même race de vaches qu’on a transportée en Poitou, en Aunis & dans les marais de Charente. Elles sont appelées flandrines, parce qu’en effet elles sont plus grandes & plus maigres que les vaches communes, & qu’elles donnent une fois autant de lait, & des veaux beaucoup plus forts. Avec un taureau de cette espèce, on obtient une race bâtarde qui est beaucoup plus féconde & plus abondante en lait que la race commune. Ce sont les bonnes vaches à lait qui sont une partie des richesses de la Hollande ; elles fournissent deux fois autant de lait que les vaches de