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parcourus par nos fameux botanistes. M. de Linné propose environ mille genres de plantes, quelques auteurs vont infiniment au-delà, & en comptent près de vingt mille espèces. « J’ose dire que j’en ai fait moi seul, dit M. Commerson, une collection de vingt mille ; & je ne crains pas d’annoncer qu’il en existe au moins quatre à cinq fois autant sur la surface de la terre ». On peut en croire cet illustre botaniste ; & l’exemple de MM. Banck & Solander, qui ont rapporté douze cens nouvelles espèces de plantes confirme le sentiment de M. Commerson.

V. Division de la Botanique. Ce nombre immense d’individus devroit effrayer & dégoûter de l’étude, quiconque voudroit tenter de se livrer à la botanique, si cette science n’avoit pas ses principes enchaînés les uns aux autres, & capables de conduire de connoissances en connoissances jusqu’à la dernière division. Des notions générales & qui conviennent à toutes les plantes, elle peut descendre au plus petit détail sans s’égarer, & remonter de même, de la partie la plus foible d’une plante, jusqu’aux météores qui influent sur sa végétation. Son objet très-étendu, se divise & se subdivise en une infinité de parties & de sections qui, prises même séparément, sont en état de fixer l’esprit du philosophe qui voudroit l’approfondir. Toutes réunies, elles se prêtent un secours mutuel ; isolées, elles satisfont imparfaitement ; & à chaque pas, on sent, on desire, on a recours aux autres.

Ces différentes parties, sont la physique végétale, la nomenclature, l’histoire naturelle, la culture, l’usage des plantes, & leur collection ou herbier. Parcourons-les successivement pour en connoître toute l’importance.

Section II.

De la Physique végétale.

Quiconque ne veut pas se contenter d’une connoissance superficielle & vaine du règne végétal, & qui, peu satisfait de distinguer le caractère & le port d’une plante, veut encore savoir quelles sont les parties qui la composent, les principes qui l’entretiennent, & le méchanisme admirable par lequel elle vit, doit porter ses regards au-delà de l’individu qu’il vient d’arracher, & que ses yeux contemplent avec intérêt. S’il se demande pourquoi & comment une graine, après avoir séjourné dans la terre un certain espace de tems, se développe, pousse des racines & une tige, se couvre de feuilles, de fleurs & de fruits, & se propage des siècles infinis, par une multitude aussi infinie de germes ; si après avoir fait l’analyse de cette plante, il n’obtient pour résidu qu’un peu de terre, du phlegme, quelques sels, une huile, il verra qu’il faut nécessairement remonter plus haut & chercher dans une autre science des connoissances & des principes absolument nécessaires pour obtenir la solution du problême qu’il cherche à résoudre.

I. La théorie de la végétation, pour être bien entendue, suppose que l’on est familier avec les vé-