Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1782, tome 2.djvu/414

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relativement à la nourriture, elle ne l’est pas à l’égard des vaisseaux. Quoique fabriqués en bois de chêne, ils pourrissent bientôt, & contractent un mauvais goût, de manière qu’il est presqu’impossible de les faire servir ensuite à tenir du vin, sans lui communiquer ses mauvaises qualités. Il est étonnant que dans cette partie du Lyonnois, où l’on connoît l’usage du betton, (voyez ce mot) on ne prépare point avec lui des vaisseaux, des réservoirs, qui dureroient des siècles, & qui coûteroient si peu. C’est tout au plus une première avance à faire, dont on seroit bien dédommagé par la suite.

§. V. Des Chèvres propres à donner du lait ; des moyens de l’augmenter ; de la traite ; de l’usage du lait.

I. Une chèvre propre à donner du lait, doit avoir une grande taille, un maintien ferme & léger, le poil épais, & les mamelles grosses & longues.

II. Des moyens d’augmenter le lait. Plus les chèvres mangent, plus la quantité du lait augmente. Pour entretenir & augmenter cette abondance de lait, il faut les conduire dans de bons pâturages, dans lesquels la dictame & la quinte-feuille se trouvent en grande quantité ; les abreuver soir & matin, & leur donner de tems en tems du salpêtre ou de l’eau salée. Si elles ne sortent pas de l’écurie, on peut leur donner le marc des huiles de noix, de navette, de colsat, d’olives, de pavot, &c. ; faire bouillir pour elles le triage des herbes potagères avec du son, la farine du maïs ou blé de Turquie ; la pomme de terre cuite avec le son, augmente singuliérement leur lait.

III. De la traite. Elle se fait deux fois par jour ; le soir & le matin, & de la même manière que pour la vache. (Voyez Bœuf)

IV. De l’usage du lait. Le lait de chèvre est plus sain & meilleur que le lait de la brebis. Il est d’usage en médecine, & tient le milieu entre le lait de vache & celui d’ânesse. Cependant, d’après les observations de M. Vénel, il est bien démontré que le lait de chèvre n’est pas plus pectoral, plus vulnéraire que le lait de vache. (Voyez le mot Lait) Il a moins de consistance que le premier, moins de sérosité que le second ; il a la vertu des plantes dont l’animal s’est nourri, se caille aisément, & l’on en fait des fromages. (Voyez ce mot, où l’on décrira la méthode du Mont-d’Or)

§. VI. De l’âge de la Chèvre, de sa voix, & de la durée de sa vie.

I. À quoi connoît-on l’âge de la chèvre ? Les dents & les nœuds des cornes indiquent l’âge de la chèvre, comme dans la brebis. (Voyez Mouton) Elle n’a point, ainsi que ce dernier animal, des dents incisives à la mâchoire antérieure, & celles de la mâchoire postérieure tombent & se renouvellent dans le même ordre.

II. Pourquoi la voix de la chèvre est-elle tremblante ? Le tremblement de la voix de la chèvre a persuadé à quelques auteurs, que cet animal avoit continuellement la fièvre, & que la fièvre étoit l’unique cause qui rendoit sa voix tremblante. Ce sentiment, selon nous, n’a guère