Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1782, tome 2.djvu/465

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dernière est plus détaillée & plus circonstanciée, nous la choisirons de préférence, elle suffira pour raisonner par analogie des autres boutons à fleur.

Ce Savant examina dans le mois de Janvier les boutons à fruit d’un poirier vigoureux ; ils étoient renflés & terminés par une pointe fort obtuse. La Fig. 27 représente un de ces boutons ; A écailles ou enveloppes écailleuses, B rides, C stigmates, ou trace de la feuille de l’année précédente. Ces boutons sont composés de 25 à 30 écailles creusées en cueilleron ; elles protègent, par cette forte enveloppe, ses jeunes fleurs contre les injures de l’hiver. Les extérieures sont dures, fermes, brunes, peu velues en dehors ; mais au fond de chaque cueilleron, on apperçoit un toupet de poils jaunes qui réfléchissent une couleur dorée quand on les regarde dans un certain sens. Les écailles ou feuillets intérieurs sont plus grands, verdâtres par le bas, recouverts en dehors d’un duvet très-fin, & en dedans garnis de poils de même couleur que ceux des écailles extérieures. Sous ces feuillets, il s’en trouve d’autres plus petits & plus minces, velus & d’un verd blanchâtre.

Quand on a détruit toutes ces enveloppes, on apperçoit les embryons des fleurs, au nombre de huit ou dix (Fig. 28) ; ils sont grouppés sur une queue commune d’environ une demi-ligne de longueur, & ils y sont attachés par de petites queues particulières fort courtes en premier lieu, mais qui s’alongent plus ou moins par la suite, selon les différentes espèces de poires. Entre les embryons de ces fleurs, qui sont alors presque sphériques, on distingue plusieurs petites feuilles velues, fort minces, de différentes formes, (Fig. 29) & d’un vert pâle. Elles remplissent tous les vides, & probablement, elles ne contribuent pas peu à garantir les jeunes fleurs des injures de l’hiver.

Les embryons examinés au microscope ressembloient extérieurement à un bouton de rose (Fig. 30) ; d’autres ouverts au foyer même de la lentille, parurent (Fig. 31) tous chargés de poils, & on appercevoit dans l’intérieur plusieurs étamines, dont les sommets étoient encore blancs. On ne pouvoit distinguer s’ils étoient formés de la réunion de deux corps en forme d’olive ; (voyez Anthère) les pétales n’étoient guère apparens, & les pistils échappaient à l’œil ; il est vrai qu’il étoit aisé de les confondre avec les pédicules de certaines étamines, qui étoient privés de leurs sommets.

Des embryons observés dans le mois de Mars étoient considérablement grossis, & laissoient appercevoir des embryons mieux formés ; (Fig. 32) les sommets des étamines étoient rouges, les pétales s’appercevoient clairement, & on commençoit à découvrir les pistils.

Enfin, vers la fin de Mars, M. Duhamel reconnut assez distinctement à la base du pistil, à l’endroit de l’ovaire, le fruit & les jeunes pepins rassemblés deux à deux.

Nous voyons donc par cette progression, que pendant tout l’hiver le bouton avoit cru & acquis du développement ; il est vrai qu’il faut la chaleur du printems pour l’accomplir entièrement. Le progrès a été insensible