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qu’elle est imbibée par la feuille. Les feuilles du haricot ont commencé à faire des racines dix à douze jours après avoir été plongées dans l’eau. Ces racines sont sorties de presque tous les points de la surface du pétiole ; elles étoient nombreuses, assez longues, simples & blanches ; il y avoit lieu de s’attendre que des feuilles si enracinées vivroient long-tems ; cependant elles ont passé au bout d’une semaine environ. J’ai essayé d’en transplanter dans des vases pleins d’une terre préparée, mais elles n’y ont fait aucun progrès.

Les feuilles du haricot à bouquets incarnats, plongées dans l’eau par leur pétiole, y ont fait des racines, mais seulement à l’extrémité inférieure de ce dernier. Une feuille de cette espèce mise en expérience à la fin d’Août, avoit poussé le vingt-quatre Septembre plusieurs racines, dont une avoit environ trois pouces de longueur. Cette racine a cru de six lignes dans l’espace de vingt-quatre heures, le thermomètre, (voyez ce mot) de M. de Réaumur étant à dix-huit degrés. Le 14 Octobre la maîtresse racine s’étoit prolongée ; de petites racines en sortoient de tous côtés. D’autres racines, du nombre des principales, montroient à leur extrémité un renflement. Depuis cette époque, elle n’a pas fait de progrès sensibles, & vers le commencement de Décembre elle a perdu ses folioles. J’avois pourtant jeté dans le vase de la terre de jardin très-divisée, & qui a rendu l’eau fort trouble.

À l’égard des feuilles du chou, dont le pétiole a été plongé dans l’eau, elles ont commencé vers le 25 Septembre, c’est-à-dire, vingt-trois jours après avoir été mises en expérience, à pousser des racines. À l’extrémité de celui-ci, soit en dedans de la coupe, soit en dehors, il en a paru de nouvelles de jour en jour, & toutes ces racines se sont divisées & sous-divisées au point de remplir la capacité du vase.

Une des feuilles de belle de nuit qui avoient été plongées dans l’eau par leur pétiole, a commencé à prendre racine dans le même tems que celle du chou. Cette racine étoit très-blanche, fort unie, & de l’épaisseur d’un gros fil ; elle est sortie de l’extrémité du pétiole & du bord intérieur de la coupe. Ayant mesuré cette racine exactement, j’ai trouvé qu’elle s’est prolongée de trois lignes dans l’espace d’environ douze heures. Deux jours après, sa longueur alloit à deux pouces ; elle ne fit depuis aucun progrès, & le 20 Octobre la feuille avoit passé.

Quoique ces expériences soient jusqu’à présent plus curieuses qu’utiles, elles confirment la théorie des boutures, c’est-à-dire, la présence des mamelons ou petits boutons répandus sur toute la surface intercutanée de l’arbre, jusque même dans le pétiole des feuilles ; car personne ne doute, & l’expérience journalière le prouve, qu’un brin de baume des jardins, ou menthe, &c. mis dans l’eau, y pousse des racines, y végète, & que la plante ainsi formée, enterrée ensuite, continue à y végéter comme celle qui est venue de graine.

Sixième genre de boutures. Je dois à M. Descemet, médecin de la