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faculté de Paris, la connoissance de ce genre, & qui sera très-utile aux fleuristes, sur-tout des plantes liliacées. On appelle ainsi toutes les plantes à oignon qu’on nomme encore bulbe. (Voyez ces deux mots) Tous les oignons sont un composé de tuniques ou écailles appliquées les unes sur les autres, & attachées par leur base sur un bourrelet. C’est de ce bourrelet que sortent les cayeux (voyez ce mot) qui multiplient l’oignon. Il n’en sort pas toujours autant que le fleuriste le desire, sur-tout quand l’espèce est belle & rare ; mais s’il détache de l’oignon plusieurs de ces écailles, & qu’il les plante perpendiculairement dans une terre fine & bien préparée, & que cette terre ne soit point trop humide, il se formera un bourrelet à la partie inférieure de la tunique ; ce bourrelet jettera des racines ; il se formera de nouvelles tuniques ; enfin cette simple tunique deviendra un oignon parfait.

Septième genre de boutures. Dans les endroits où l’on craint les inondations, veut-on multiplier promptement les osiers, les peupliers, &c. non pour former des arbres, mais pour avoir beaucoup de broussailles ? prenez les pousses de l’année, flexibles & minces ; pliez-les sur elles-mêmes de la même manière que les apothicaires préparent les paquets de gramen ou chiendent, sans casser les branches ; vous aurez un petit fagot de huit à dix pouces de longueur ; & avec l’extrémité d’une des branches, liez-le tout-autour sans trop le serrer ; enterrez ce petit fagot de manière qu’il n’excède le sol que d’un ou deux pouces tout au plus, & au printems il poussera une quantité étonnante de jeunes bois. Pour peu qu’on les multiplie, on est sûr de former en peu de tems une oseraie bien fournie.

V. Des soins que les boutures exigent. Il ne s’agit pas ici de ces boutures grossières, telles que celles du saule, du peuplier, &c. ; elles n’exigent aucun soin particulier ; la nature fait tout : il n’en est pas ainsi de celles des arbres plus délicats.

Les boutures faites avant l’hiver, n’ont pas besoin d’être arrosées avant le printems, à moins que l’on n’habite nos provinces méridionales. Si l’on couvre la terre avec de la mousse, de la paille hachée, on empêche l’évaporation de l’humidité ; mais les effets de la gelée seront plus sensibles avec la mousse, à cause de l’humidité qu’elle retient. Pendant le grand froid, il sera prudent de les couvrir avec de la paille hachée, ainsi que les tiges, afin de donner de l’air autant qu’on le pourra, crainte de la moisissure & de la pourriture. Il ne faut pas non plus que les boutures soient exposées à un grand courant d’air ; il dessèche la tige, fait évaporer l’humidité qu’elle contient : des paillassons préviendront cet inconvénient, & serviront même quelquefois, si le besoin l’exige, à les garantir de certains coups de soleil trop ardens. Si la bouture est foible & délicate, elle demande un tuteur, afin de n’être point ébranlée & détachée de la terre.

Règle générale & indispensable ; toutes les fois que l’on met en terre une bouture, on doit la couper à un ou deux pouces au plus au-dessus du niveau du sol, c’est-à-dire, lui laisser un ou deux yeux non-