Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1782, tome 2.djvu/532

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vents, ou pour conserver plus de fraîcheur à ses racines. Si toutes les fois qu’on plante un arbre dont la tige a une certaine hauteur, on avoit soin d’ouvrir un large fossé ; si en le déterrant, on avoit soin de lui conserver son pivot & toutes ses racines latérales, il seroit inutile de butter, parce que ses racines étendues & chargées de terre seroient autant de liens qui l’y assujétiroient. Au contraire, on se contente de laisser aux racines la longueur d’un pied environ, de couper le pivot ; alors on est forcé de butter ; & malgré les buttes qui couvrent mal à propos le collet de la tige, l’arbre n’en est pas moins le jouet des vents, pour peu qu’ils aient d’activité. C’est le cas de donner un ou deux tuteurs à l’arbre. (Voyez ce mot)

Dans les provinces où le froid est assez vif pour faire périr les artichauts, on les butte avec de la terre avant de les couvrir avec du fumier pendant l’hiver.

On butte les cardons, le céleri, pour les faire blanchir. (Voyez ces mots)



CABANE. Chétive maison, bâtie ordinairement avec de la bauge, (voyez ce mot) couverte de chaume, & dans laquelle habitent les pauvres gens de la campagne. Si on desire de connoître le tableau de la misère & de l’infortune, que l’on parcoure sur-tout les pays d’élection, ou le malheureux habitant n’ose réparer son logement qui écroule de toutes parts, dans la crainte de voir augmenter ses impositions, & qui, le plus souvent, manque du plus strict nécessaire. Un grabat, ou quelque peu de paille jetée dans un coin, sert de lit au père, à la mère, aux filles & aux garçons : souvent sans draps, ils n’ont, pour se couvrir, que leurs vêtemens ou plutôt leurs haillons. « Qu’ils travaillent, » dit l’homme riche ; & cet homme au cœur d’airain auroit raison, si ces malheureux n’étoient pas éloignés de toutes les ressources. Il n’en est pas des pays de montagnes, des endroits reculés, comme des villes ou des campagnes qui les avoisinent. Une femme, en s’occupant à filer depuis le lever du soleil jusqu’à la nuit close, gagne trois ou quatre sols, & son mari huit à douze ; trop heureux encore, si ce salaire modique étoit assuré ! sur quoi il faut payer les impositions, le prix de la ferme, vivre, nourrir, élever & habiller sa famille, &c. &c. Ô vous ! hommes opulens qui, dans le sein des grandes villes, courez après le plaisir qui vous fuit, & qui achetez son apparence au poids de l’or, vous ne connoissez pas la loi impérieuse du besoin ; mais venez dans ces cabanes, vous y trouverez des hommes pâles, décharnés ; & ils sont presque tous plus officieux, plus charitables que vous, même malgré leur extrême misère, parce