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retire quinze sols de chaque arbre. Vingt nègres peuvent entretenir cinquante mille cacaoyers.

Pour maintenir les cacaoyers en bon état, pendant vingt ou trente années, il faut avoir soin de leur donner deux façons tous les ans, après la première récolte d’été, un peu avant la saison des pluies. Savoir, 1o. de les réchauffer de terre chaude, après avoir bien labouré tout autour. Cela empêche que les petites racines ne prennent l’air & se dessèchent. 2o. La seconde opération est de tailler le bout des branches quand il est sec, & de couper tout près de l’arbre celles qui sont beaucoup endommagées ; mais il ne faut point penser à raccourcir les branches vigoureuses, ni faire de grandes plaies. Comme ces arbres abondent en suc laiteux & glutineux, il se feroit un épanchement qu’on auroit bien de la peine à arrêter, & qui les affoibliroit beaucoup.

Les cacaoyers ont pour ennemis les hannetons, les ravets, diverses sortes de fourmis, des espèces de sauterelles nommées criquets. Les criquets mangent les feuilles, & par préférence les bourgeons ; ce qui fait périr l’arbre, ou du moins le retarde de beaucoup. Jusqu’à présent, on n’a point connu d’autres moyens de s’en garantir, que de les faire chercher soigneusement pour en détruire le plus qu’il est possible.

Les fourmis blanches, nommées à Cayenne poux de bois, font un grand dégât, & les fourmis rouges encore plus. En une seule nuit, elles ont quelquefois ravagé de vastes plantations. Elles s’attachent principalement aux jeunes arbres. On les détruit en jetant quelques pincées de sublimé corrosif dans leur nid, ou sur leur route. Celles que le sublimé touche périssent en peu de tems, & portent encore la contagion & la mort parmi les autres, en se mêlant avec elles dans les nids.

Quant aux fourmis rouges, un moyen de les détruire est de fouiller la terre, & de jeter quelques pots d’eau bouillante dans les fourmilières que l’on rencontre.

Aux moyens fournis par l’auteur de ce mémoire pour détruire les chenilles, je crois qu’on pourroit employer celui dont on se sert pour faire mourir les taupes grillons, nommées courtillieres ou courteroles. Après avoir découvert le nid des fourmis, il faut couvrir avec un peu d’huile la surface du terrain criblée de trous ; mais auparavant, il faut la mouiller légèrement, afin que si la terre est sèche, elle n’absorbe pas l’huile. Aussi-tôt après, avoir des vases pleins d’eau, & en verser sur ces trous, peu à la fois, & sans interruption, mais autant qu’ils peuvent en recevoir. Cette eau, remplissant successivement les cavités, entraîne l’huile ; & tous les insectes quelconques couverts d’huile, périssent. Comme ils ont tous l’ouverture de leur poumon ou trachée-artère sur le dos, près du corselet, cette huile bouche la trachée, l’animal ne peut plus respirer & périt.


CADELLE. (Voyez Insectes nuisibles aux grains)


CADET. (Poire de) Voyez Poire.