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dans cinq onces d’eau. Formius, médecin de Montpellier, publia il y a plus de cent ans, un Traité sur les vertus de cette plante, qu’il regarde comme une panacée universelle. Il faut pardonner son enthousiasme, & rabattre plus des trois quarts des propriétés qu’il lui assigne.


CÂPRE, CÂPRIER. (Voyez Planche 21, pag. 541). M. Tournefort le place dans la cinquième section de la sixième classe, qui comprend les herbes à fleur composée de plusieurs pièces régulières, dont le pistil devient un fruit qui renferme plusieurs semences. Il l’appelle capparis spinosa, fructu minore, folio rotundo. M. Linné le nomme capparis spinosa, & le classe dans la polyandrie monogynie.

Fleur : elle est représentée en A dans son état de bouton qui constitue la câpre que l’on confit au vinaigre ; en B, dans le moment que le bouton se développe & qu’il est prêt à s’épanouir ; & en C, dans son entier épanouissement. La fleur est composée de quatre pétales D disposés en rose, blancs, échancrés, grands & ouverts ; le calice est divisé en quatre parties ovales ; les étamines, en nombre indéterminé de soixante à cent, colorées en rouge, & le pistil E est vert dans toute sa longueur, plus grand que les étamines, & rougeâtre à son sommet.

Fruit F ; baie charnue à une seule loge, représentée coupée horizontalement en G, de la grosseur d’un gland, renfermant des graines H blanches & en forme de rein.

Feuilles, en forme de rein, presque rondes, soutenues par des pétioles, très-entières, & un peu épaisses.

Racine, ligneuse, rameuse, revêtue d’une écorce épaisse.

Port. Espèce d’arbuste qui perd ses tiges pendant l’hiver, & en repousse de nouvelles au printems, armées de pointes. De l’aisselle de chaque feuille sort le péduncule de la fleur. Les feuilles sont placées alternativement sur les tiges.

Lieu. Nos provinces méridionales. Il fleurit pendant tout l’été.

Culture. Cette plante est en culture réglée dans la Basse-Provence, & sur-tout aux environs de Toulon, dans le Bas-Languedoc, c’est à-dire, dans toute la partie couverte par de grands abris. (Voyez le chapitre des abris, au mot Agriculture). Les câpriers y sont multipliés.

Cet arbuste ne me paroît pas naturel au pays, puisque les gelées trop fortes le font périr. Il y a sans doute été transporté du Levant. Il se plaît dans les terrains pierreux & caillouteux, mieux que dans tous les autres ; mais il faut cependant que le fonds de terre soit bon & substantiel, lorsqu’il s’agit de retirer un profit honnête.

Le câprier se multiplie par graines qui lèvent facilement, & par boutures ; ce dernier moyen est préférable. Sur le champ qui doit être planté, on trace des lignes droites avec le cordeau ; & dans ces lignes, espacées au moins de neuf à douze pieds, on plante les boutures à la même distance, & bien alignées, dans les trous dont la terre a été défoncée sur un pied de profondeur au moins, & sur trois de largeur. Le trou comblé,