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le câprier pousse ses tiges, qui donnent quelques fleurs pendant la première année, suivant la force de la bouture. Au mois de Décembre, il faut couper ces tiges à trois ou quatre pouces au-dessus de terre ; alors on relève celle des côtés sur ces chicots, afin de les recouvrir de trois ou quatre travers de doigt, & cela suffit pour les garantir des impressions du froid. Aussitôt que la gelée n’est plus à craindre, les câpriers sont découverts, & la terre égalisée avec celle du champ. C’est le moment de donner le premier labour avec la charrue, un traçant des sillons droits. Nous décrirons au mot Vigne la manière de les labourer, & c’est la même pour les câpriers. Du moment que les bourgeons sont sur le point de se développer, on donne le second labour en sens contraire, c’est-à-dire qu’on croise les sillons. C’est en quoi se réduit toute leur culture, préférable à tous égards à la suivante.

Dans tous les murs de soutènement, on ménage des ventouses pour l’issue des eaux supérieures qui pénètrent dans la terre, afin qu’elles ne fassent point ébouler le mur. C’est dans ces ventouses que l’on place les boutures de câprier ; on les couvre d’un peu de terre, & les racines vont s’étendre dans la masse de terre placée derrière le mur. Il résulte de-là deux inconvéniens essentiels : 1o. Que le collet des racines grossissant chaque année par l’insertion des nouvelles branches au tronc, par les bourrelets continuels qui s’y forment, bouche d’autant l’ouverture des ventouses, & retient derrière le mur une plus grande quantité d’eau. 2o. Cette couche de bourrelets augmentant chaque année, fait la fonction du levier contre tous les parois des murs qui l’environnent. Comme ce levier agit perpétuellement & avec une force extrême, il soulève peu à peu le mur, & fait souvent lézarder des toises entières sur une ligne horizontale. J’en ai vu un grand nombre d’exemples, & plusieurs particuliers ont été obligés de refaire à neuf des murs de soutènement. Le câprier cause moins de mal aux murs de terrasse, construits en pierres sèches, parce que ces pierres sont moins liées les unes aux autres, & il réussit mieux. La chaleur, la pluie, les bienfaits de l’air de l’atmosphère, pénètrent plus facilement jusqu’aux racines de la plante.

Des particuliers plus prudens ménagent des espèces de niches dans leurs murs. Si elles sont petites, elles ont dès-lors tous les inconvéniens dont j’ai parlé ; si elles sont trop grandes, la première pluie un peu forte imbibe & pénètre la terre du dessus, elle s’écroule, & finit par être entraînée ainsi que celle qui avoisine la niche. Cet exemple est commun. Il vaudroit beaucoup mieux couvrir les murs de soutènemens par des espaliers, ou du moins planter les câpriers dans le bas où ils trouveroient le même abri.

La plantation d’un câprier dans un mur est encore vicieuse par un autre endroit. Comme les branches sont flexibles, longues, les feuilles épaisses, elles plient par le poids, & s’inclinent contre terre. Il résulte de-là, que ces branches, au