Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1782, tome 2.djvu/622

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conséquent, une distribution facile & abondante des eaux pour l’irrigation de ses prairies, de ses jardins, & même de ses champs, s’il habite nos provinces méridionales. Qu’elle soit en même-tems un objet de décoration, rien n’est plus naturel ; mais que l’eau n’ait pas l’air captive & gênée dans sa marche ; si l’art concourt à diriger sa course, qu’il soit si bien caché qu’on le prenne pour l’effet de la nature. Il ne faut ni rampes en marbre blanc, noir ou varié, ni ornemens de glaçons, de rocailles tirées au cordeau, ni coquillages factices, ni vases, ni figures, ni tous ces colifichets dont on les surcharge dans les parcs des grands Seigneurs. Celui qui les y considère pour la première fois, admire la difficulté vaincue ; peu à peu son admiration baisse, s’évanouit, & il finit par regarder avec indifférence l’ouvrage de la main de l’homme. Au contraire, combien de fois reviendra-t-il avec un plaisir toujours nouveau, penser, réfléchir, rentrer en lui-même auprès d’une eau, qui, sans gêne, sans entraves, se précipite d’un rocher sur un autre ; la fraîcheur du lieu, la verdure qui l’accompagne, le bruit non interrompu de cette eau ; tout, en un mot, lui inspire des idées si douces, si variées, qu’il s’en éloigne à regret.


CASQUE, Botanique. Le casque est l’armure de la tête que portoient les anciens guerriers. M. Tournefort ayant trouvé, dans les plantes qu’il a désignées sous le nom d’anomales ou polypétales, proprement dites, & qui composent sa onzième classe, que le pétale de plusieurs fleurs ressembloit à un casque, a employé ce terme pour le désigner. Ainsi, l’aconit, par exemple, a cinq pétales inégaux, dont le supérieur tubulé est en forme de casque renversé. La ressemblance va quelquefois au point, dans certaines espèces d’aconit, que l’on croit y reconnoître les oreillettes & la mentonnière du casque. Il y a d’autres fleurs dont la partie supérieure est seulement tournée en casque ; mais elles n’ont ni oreillettes, ni mentonnières, comme les fleurs de l’ormin, de la brunelle, &c. M. M.


CASSAVE. (Voy. Manioque)


CASSE-MOTTE. Petite massue de bois dur, quelquefois cerclée en fer, dont on se sert dans les terres fortes pour casser les mottes. Si on a bien labouré, & labouré dans les tems convenables, il ne doit point y avoir de mottes.


CASSER, CASSEMENT. Mots, pour ainsi dire, introduits dans la pratique du jardinage par M. l’abbé Roger Schabol. Il s’explique ainsi : Casser, c’est rompre & éclater à dessein, un rameau de la pousse, ou une branche de la pousse précédente, en appuyant avec le pouce sur le tranchant de la serpette. Ce cassement doit être fait environ à un demi-pouce de l’endroit où le rameau qu’on casse a pris naissance, directement au-dessus de ce qu’on appelle les sous-yeux. En cassant de la sorte à la fin de Mai jusqu’à la mi-Juin, & par-delà encore, on est assuré que des sous-yeux il poussera infailliblement ou une lambourde, ou une brindille, ou des boutons à fruit (voyez ces mots) pour les années suivantes, & quelquefois toutes ces trois choses à la fois à un même