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grains, il est démontré, suivant les analyses du célèbre Bergman, qu’elle tient cinq onces, six gros, soixante-onze grains, un vingt-cinquième de chaux pure, & cette quantité de chaux pure donne dix onces, cinq gros, trente grains 34/55 de chaux aërée, ou de terre calcaire révivifiée. »

» Ces résultats varient, suivant les espèces de cendres sur lesquelles on opère, mais ils ne prouveront pas moins que la chaux est la base de la cendre, & que cette chaux ne diffère pas essentiellement de celle dont on se sert dans la maçonnerie. »

Il est étonnant que ceux qui ont écrit sur l’agriculture, & plus particulièrement encore sur l’efficacité des cendres pour les prairies, n’aient pas tiré de cette démonstration des conséquences plus étendues, & n’aient pas établi une théorie générale fondée sur l’expérience.

II. Des cendres lessivées. Si la lessive a été bien faite, il ne doit plus rester dans ces cendres de principes salins, ou du moins une très-petite quantité, retenue par la viscosité ou espèce de savon qui s’est formé, par le mélange de l’alcali, avec la matière de transpiration & autres substances semblables dont les linges étoient pénétrés avant de les passer à la lessive.

De telles cendres n’ont presque plus aucune propriété puisqu’elles sont dépouillées de leur alcali ; mais si elles sont mises en monceau, & exposées à l’air sous des hangars, à l’abri de la pluie, elles attireront le sel répandu dans l’air atmosphérique, (Voyez Amendement, Chapitre premier) sur-tout si on a eu soin de vider par-dessus l’eau qui a servi à la lessive, & sur-tout si on les arrose de tems à autre avec du jus du fumier. Le sel de l’atmosphère combiné avec ces cendres est un vrai nitre qu’on peut retirer par la lixiviation. Plus ces cendres présenteront de surface à l’air, plus elles seront remuées souvent, & plus alors elles attireront le principe salin. Dans cet état, elles redeviennent très-propres pour les engrais.

III. De la manière d’agir des cendres comme engrais. Tous les corps de la nature servent mutuellement d’engrais les uns aux autres ; ils agissent, ou mécaniquement comme le sable pour la division de l’argile, & l’argile pour donner du corps, de la solidité au sable ; ou relativement aux substances contenues dans leurs différens principes, & qui se mêlent & se combinent avec celles renfermées dans le sol sur lequel on les répand.

Les cendres agissent de deux manières ; 1o. mécaniquement, à cause de l’atténuité de leurs parties, en s’insinuant dans la substance compacte de l’argile, & la rendant plus perméable à l’eau ; 2o. comme principe salin & comme alcali, qui s’unissant intimément à l’aide de l’eau & de l’humidité, avec les substances animales graisseuses, & les substances végétales huileuses enfouies dans la terre, forme avec elles un véritable corps savonneux, dès-lors très-soluble dans l’eau. Dans cette combinaison, l’eau tient en dissolution, dans la division la plus extrême, le principe huileux ou graisseux, le principe salin & le principe terreux. La bulle de savon faite au moyen d’un chalumeau dans lequel souffle un enfant, est la preuve la plus complette de cette division extrême, & du mélange intime de ces principes.

Dans cet état de la plus grande