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§. I. Comment on doit estimer la Chaleur animale.
§. II. Degrés de Chaleur que l’animal peut supporter, & effets du sommeil sur sa Chaleur.
§. III. Chaleur différente dans les différentes classes d’animaux.
§. IV. Causes productrices de la Chaleur animale.
Sect. V. De la Chaleur végétale.
§. I. Expériences qui démontrent son existence.
§. II. Causes extérieures de la Chaleur végétale.
Sect. VI. Effet de la Chaleur atmosphérique sur les animaux & les végétaux.
§. Observations importantes sur la Chaleur des fumiers.


Section première.

Définition de la Chaleur.


Si nous considérons la chaleur par rapport à nous & métaphysiquement, nous la définirons un sentiment particulier excité en nous par la présence du feu. Si nous la considérons dans les corps qui nous environnent & dans nous-mêmes, mais indépendamment de la sensation qu’elle nous fait éprouver, nous pouvons, je crois, très-bien définir la chaleur, un être physique, un commencement de feu dont on connoît la présence, & dont on mesure les effets tant sur les solides que sur les fluides. Tout ce que nous dirons de la chaleur, aura la plus grande analogie avec ce que nous dirons du feu, (voyez ce mot) & nous pourrions renvoyer à cet article, s’il n’y avoit pas une infinité de connoissances & de phénomènes intéressans à bien entendre dans la chaleur, considérée simplement comme chaleur. Nous croyons donc absolument nécessaire de les développer ici, renvoyant pour de plus longs détails aux mots Feu & Lumière.


§. I. Origine & effets physiques de la chaleur sur tous les corps.

La chaleur existe-t-elle par elle-même & individuellement comme l’eau, l’air, &c, &c. ? n’est-elle que le feu, ou l’un & l’autre ne sont-ils que la matière générale mise dans un mouvement particulier, qui allant toujours en croissant, donne naissance à la chaleur, la dilatation, l’inflammation, la volatilisation & l’incinération ? La solution de ces trois problèmes tient à la haute physique & à la chimie profonde : nous nous abstiendrons donc de la chercher.

On a long-tems disputé, & l’on dispute encore sur l’origine de la chaleur, sur sa nature, sur son essence. Comme on n’est pas d’accord, & que l’on peut compter au moins quatre ou cinq sentimens aussi plausibles les uns que les autres, nous ne parlerons d’aucuns, nous contentant de ne considérer la chaleur que sous son rapport direct avec ce qui nous intéresse.

Quelle que soit l’origine ou la cause productrice de la chaleur, ses effets n’en sont pas moins réels, sensibles & toujours agissans ; ils ne diffèrent de ceux du feu que par leur intensité ; & leur impression sur nos organes est d’autant plus vive, que la matière du feu annoncé par le sentiment de la chaleur, est plus abondamment accumulée ; & réciproquement d’autant moindre, qu’il y a moins de feu en action, ou qu’il agit de plus loin. C’est ce qui a fait dire à quelques physiciens, que le degré de chaleur que nous éprouvons à la présence du feu, suit la raison inverse du quarré des distances, c’est-à-dire, que la même quantité de feu qui nous fait éprouver un degré de chaleur