Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 3.djvu/13

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d’une vigne ou la plante de souci croît en abondance, donne un vin qui sent le souci.

Après que la graine est recueillie, il faut la vanner afin de la dépouiller de tous les débris de la plante, & sur-tout des calices qui se sont mêlés avec elle ; la porter dans un lieu non humide & exposé à un grand courant d’air ; l’étendre sur un plancher, la remuer & la changer de place ; enfin, lorsqu’elle a perdu toute humidité surabondante, on l’amoncèle : sans ces petits soins la fermentation s’y établira, & si on n’y remédie à temps, tout sera perdu.


CHAPITRE III.

Des préparations du Chanvre lorsqu’on l’a tiré de terre.


I. De la manière de le faire rouir. Le rouissage est une opération qui facilite la séparation de l’écorce de dessus la tige ; & la tige séparée de son écorce se nomme chenevotte. L’endroit où l’on met rouir le chanvre s’appelle routoir. Dans le chanvre, ainsi que dans toutes les plantes, l’écorce fait corps avec la tige tant qu’elle est sèche, & s’en détache dès qu’elle a séjourné dans l’eau pendant un temps proportionné ; de sorte qu’il est possible de tirer du fil de toutes les plantes à tiges droites, sans nœuds, sans rameaux, & des jeunes tiges & bourgeons de presque tous les arbres : il y aura cependant beaucoup de différence entre la beauté & la qualité des fils. Ce sujet mériteroit d’être pris en considération par un homme instruit & qui se livrât à des expériences dont il peut résulter le plus grand avantage pour la société ; car il ne faut pas croire que la nature ait assigné seulement au chanvre, au lin & à l’ortie la propriété d’avoir une écorce propre à fournir du fil. Je citerois beaucoup d’exemples du contraire ; mais ce seroit m’écarter de mon sujet. L’eau de végétation du chanvre forme le gluten qui unit son écorce à la tige, & c’est ce gluten qu’il faut dissoudre pour l’en séparer : on y parvient par le rouissage qui s’exécute de deux manières.

1o. Du rouissage à sec. La disette d’eau, l’éloignement des rivières, des ruisseaux, ont réveillé l’industrie de l’homme. Il s’est fait une méthode qui équivaut en partie à la seconde ; peut-être est-elle la première dont l’homme se soit servi, puisqu’elle est plus simple que l’autre.

Le chanvre mâle, arraché de terre ainsi qu’il a été dit, est porté par faisceaux ou contre un mur, ou contre des haies, ou enfin il est tout uniment étendu sur terre, de manière qu’un pied ne touche pas le pied son voisin. Le soleil, les rosées, les pluies rouissent à la longue le chanvre ainsi disposé. La moins défectueuse des trois manières est de le placer contre un mur, parce qu’il reçoit plus directement l’impression & la réflection des rayons du soleil : contre un buisson le courant d’air est plus fort, il est plutôt desséché & non pas roui ; couché sur terre, s’il survient de longues pluies, elles font resauter la terre, & cette terre s’unit à l’écorce & communique au fil une couleur désagréable dont on le dépouille difficilement. Le chanvre disposé d’après l’une de ces trois manières, demande à être retourné chaque jour, afin que l’effet des météores agisse successivement sur toutes ses parties, & l’opération de retourner les plantes