Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 3.djvu/152

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il seroit difficile de former des planches ou des billons : dans ce cas on laboure à plat, ensuite on profite des inégalités pour former des sillons qui reçoivent l’eau des raies, & la conduisent dans les fossés. Quand une pièce de terre est entièrement en plaine, il n’y a point de ressource pour l’écoulement des eaux, il faut nécessairement la labourer en planches ou en billons.

Je suppose qu’on veuille labourer en planches la pièce de terre représentée par la Fig. 14, de la Pl. 4, pag. 100, & qu’on veuille placer les sillons en EEEE, le laboureur ouvre la raie marquée 1, ensuite il ouvre celle marquée 2, qui remplit la première. Il revient faire la raie marquée 3, en renversant toujours la terre du côté de la première raie ; il forme, par ce moyen, le milieu de la planche qui se trouve plus élevé, ayant reçu la terre des deux raies adjacentes. Il continue à labourer en traçant la raie 55, ensuite 44, jusqu’à ce qu’il ait formé sa planche de la largeur qu’il juge convenable pour l’écoulement des eaux ; il finit de chaque côté par un grand sillon qui borde la planche, & dans lequel les eaux s’écoulent. Quand les terres ne sont pas extrêmement sujettes à être inondées, on fait les sillons qui bordent les planches à une plus grande distance les uns des autres ; quelquefois ils sont à cinq toises, d’autres fois à six ou sept.

Souvent on ne distribue en planches une pièce de terre qu’après l’avoir labourée à plat : quand elle est ensemencée & hersée, l’on fait de distance en distance des sillons, selon la largeur qu’on veut donner aux planches. Cette méthode est moins bonne que celle que nous venons d’indiquer, parce que les planches se trouvent absolument plates, outre qu’elles sont bordées d’une petite élévation, par la terre qu’on a jetée en formant le sillon. Par la première méthode on donne assez de pente aux eaux pour leur écoulement dans le sillon qui borde les planches, parce qu’en traçant la première raie au milieu de la planche, celles qu’on fait ensuite à côté, ramenant la terre dans le milieu, & ayant soin, dans un second labour, de bien creuser les premières raies, on peut aisément donner à une planche toute la pente qui est nécessaire.

Quand on laboure par billons, on commence par ouvrir un grand sillon AA, (Fig. 15, Planche 4) ensuite on va de B en C, & de D en E : de cette manière on remplit le premier sillon, en formant une éminence qu’on nomme le billon. On fait la même chose en FG, la pièce alors est labourée en billons : on a soin de tenir le réage, c’est-à-dire, de diriger les sillons suivant la pente du terrein qu’on laboure, afin que l’eau puisse plus aisément & plus promptement s’écouler.

CHAPITRE IV.

Du labour des terres en friche, et des espèces de charrues propres à cet effet.

Sous la dénomination de terres en friche, on comprend toutes celles qui ne sont point en état de culture ordinaire, & qu’on veut labourer pour les mettre en valeur, ou pour les ensemencer. Telles sont, 1o. les