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par sa force expansive naturelle, perd par conséquent de sa vélocité, & de son ressort nécessaire pour supporter la fumée ; alors la colonne intérieure oppose une résistance difficile à surmonter. La seule exposition de ces deux défauts indique assez les remèdes nécessaires.

3o. La situation extérieure de la cheminée, par rapport aux bâtimens qui peuvent la commander. Il est très-difficile de pouvoir obvier à cet inconvénient ; il faut tout l’art d’un fumiste, plus physicien que maçon, pour le faire disparoître. Le vent arrêté, réfléchi, répercuté par les toits des maisons, prend toutes sortes de directions, quelquefois même une perpendiculaire à la cheminée, & par-là contrarie nécessairement le tourbillon de fumée qui s’exhale, & le fait refluer dans l’appartement. Si l’on peut élever la cheminée de façon qu’elle domine de tous côtés, on évitera certainement ce défaut, mais souvent cet expédient n’est pas possible ; il n’y a pas d’autre moyen que de rétrécir l’âtre de la cheminée, ce qui donnera plus de force au courant de fumée. Cela n’empêchera pas que souvent l’impétuosité du vent ne fasse fumer de temps en temps.

4o. La situation intérieure de la cheminée. Elle peut être vicieuse par elle-même, sur-tout si elle se trouve en face d’une porte ou d’une croisée ; car, à chaque fois que l’on ouvre ou que l’on ferme la porte, il se fait nécessairement un bouleversement dans la colonne d’air de la cheminée, sa direction se dérange, & la fumée perd pour l’instant la force qui la faisoit monter. Une grande cheminée dans un petit appartement, fume presque toujours. Elle absorbe trop d’air, & la masse qui circule dans cet espace étroit, ne suffit pas pour donner à la fumée sa vivacité ordinaire. Quand on allume du feu dans deux appartemens contigus, la cheminée où il y en a le moins, fume, parce que le plus grand feu attire une plus grande quantité d’air, par conséquent tout le courant se dirige vers celui-ci, & l’autre n’en a pas assez pour élever & soutenir la fumée dans la cheminée.

5o. La température de la disposition de l’atmosphère. On sait que l’air (voyez ce mot) peut tenir en dissolution une certaine quantité d’eau. Dans les temps humides il est surchargé ; c’est pourquoi la fumée alors a tant de peine à s’élever : bien loin de s’exhaler, elle semble retomber par son propre poids, & refluer dans les appartemens ; l’air, embarrassé par les particules aqueuses, semble émousser la pointe du feu ; le feu lui-même ne jouit plus de son ressort & de son activité. La fumée montant avec lenteur, rencontre au sortir de la cheminée, un air épais & lourd qu’elle n’a pas la force de déplacer. Au contraire, dans les temps secs, dans les jours de gelée, l’air est libre, pur, léger, la fumée le pénètre facilement, parce qu’il oppose une foible résistance.

6o. La dernière cause principale à laquelle on peut attribuer la fumée, c’est la direction du soleil au-dessus de la cheminée. Cet effet arrive ordinairement dans les beaux jours d’hiver, vers le midi, lorsque les rayons lumineux frappant perpendiculairement, ou presque perpendiculairement l’orifice supérieur de la cheminée, pressent au-dessus, empêchent la fumée de sortir, &