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occasionnent en même temps son reflux.

Telles sont, en peu de mots, les causes principales de la fumée dans nos appartemens. Il y en a beaucoup d’autres particulières & moindres, qui dépendent des premières, & qui ne sont que passagères, comme lorsque l’on souffle le feu, lorsque l’on commence à l’allumer, lorsqu’une personne se place devant le chambranle, &c. &c. L’explication de toutes ces causes accidentelles, & leurs remèdes sont trop visibles pour nous arrêter plus longtemps.

Voici les conditions générales dans la construction d’une cheminée pour qu’elle ne fume pas. 1o. Il faut faire en sorte qu’elle ne soit pas dominée par les bâtimens voisins ; 2o. que son orifice supérieur, moins large que l’inférieur, y soit cependant proportionné ; 3o. que sa largeur intérieure soit en raison & du feu que l’on y doit faire habituellement, & de l’appartement qu’elle doit échauffer ; 4o. qu’elle soit placée dans l’endroit le plus avantageux de l’appartement, & comme au centre, & s’il se peut en face d’un mur, & non d’une fenêtre ni d’une porte ; 5o. si l’appartement ne fournit pas assez d’air à la cheminée, on peut lui en fournir de dehors, par des ventouses qui s’ouvrent dans la cheminée à la hauteur du chambranle ; 6o. enfin, si malgré ces précautions la cheminée fume encore, on peut rétrécir intérieurement sa capacité, par le moyen de planches de plâtre qui, la diminuant, augmenteront la rapidité du courant de la fumée.

Une cheminée est destinée à chauffer simplement un appartement, ou à la préparation des alimens. Dans le premier cas, les chambranles peuvent avoir quatre pieds & demi ou cinq de largeur, sur trois pieds & demi ou trois pieds huit pouces. Dans les grands sallons, les galeries, les salles d’assemblées, on doit leur donner plus de hauteur & de largeur, mais toujours proportionnellement à la largeur des appartemens. Dans le second cas, on ne craint pas de leur donner une grande largeur, parce que le service de la cuisine demande un feu étendu ; il en résulte une plus grande commodité, & il est beaucoup plus facile de faire cuire plusieurs choses à la fois.

Si l’on ne chauffe la cheminée qu’avec du bois, l’âtre doit être de niveau avec la chambre. Deux chenets suffissent pour élever le bois, & laisser circuler l’air tout autour. Si on la chauffe avec du charbon de terre, (voyez ce mot) alors on la garnit d’une grille ou cage de fer, dans laquelle on met le charbon de terre. Ordinairement cette grille est placée entre deux maçonneries qui servent à supporter les vases où l’on veut faire cuire quelque chose. Le feu du charbon de terre est plus durable que celui du bois, & infiniment moins dispendieux.

Le manteau de la cheminée peut être construit en briques ou en pierres ; mais il faut avoir la plus grande attention d’éviter de l’appuyer contre quelque mur foible & sujet à se fendre à la chaleur, d’y laisser pénétrer des poutres ou des soliveaux : ces pièces de bois desséchées par la chaleur continuelle qu’elles éprouvent, prennent feu à la fin, & causent d’affreux incendies. M. M.