Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 3.djvu/22

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apparence, perce les grains, afin que les deux serres, qui sont au bout, puissent plus aisément travailler à faire un passage à l’insecte dans le grain où il se loge. M. le Fuel, Curé de Jamméricourt dans le Vexin, qui a concouru au Prix proposé par la Société Royale d’Agriculture de Limoges en 1768, sur la manière de détruire les charançons, a observé la pointe ou le dard dont nous venons de parler.

Les antennes, au nombre de deux, sont placées de chaque côté de la trompe ; elles sont divisées en deux parties & coudées dans le milieu ; elles sont composées de plusieurs articles, dont le plus grand est celui qui est attaché à la trompe : leur bout est terminé par une grosseur aplatie en forme de houlette. Quoique ces antennes nous paroissent devoir être incommodes à l’insecte logé dans un grain de blé, il est probable qu’elles lui sont de quelque utilité, mais que nous ne pouvons connoître. Ce qui est certain, c’est qu’elles suivent la direction de la trompe, & qu’elles se portent en différens sens.

Le corselet paroit cannelé & couvert de petits points ; il est uni à la tête, par un étranglement si court, & recouvert encore par les écailles, tant de la tête que du corselet, que ces deux parties semblent n’en faire qu’une. C’est au corselet que les trois paires de jambes sont attachées ; elles sont formées de quatre articles terminés par un crochet très-aigu, qui sert à faire tenir l’insecte sur les plans très-polis & renversés. Quand on touche le charançon, ou qu’il fait froid, il replie sa trompe sur elle-même, & ramène ses antennes & ses pattes au-dessous de son corps, qui paroît alors pointu sur le devant & arrondi sur le derrière. Quoique la dernière partie de son corps soit recouverte par deux étuis, dont la destination semble être de mettre à couvert les ailes, comme dans la plupart des scarabées, cependant le charançon n’en a point. Ces deux étuis sont adhérens à la membrane du dessus du ventre, qui exigeoit cette espèce de couverture à cause de son extrême délicatesse.

Le charançon ne sort point de son œuf sous la forme de scarabée ; il ne parvient à cet état qu’après avoir passé par ceux de larve & de chrysalide. Au sortir de sa coque le charançon est une très-petite larve fort blanche, qui a la forme d’un ver allongé & mol, dont le corps est formé de neuf anneaux saillans & arrondis, sans y comprendre la tête & l’anus. Cette larve, longue à peu près d’une ligne, a une tête arrondie, jaune, écailleuse, & munie des organes propres à ronger la substance du grain : elle a six pattes écailleuses en devant, le reste de son corps en est dépourvu. La nourriture de ces larves est relative à leurs espèces. Les femelles qui connoissent les grains ou les plantes propres à la subsistance de leurs familles, ont soin de déposer leurs œufs, de manière que la larve qui en sort, soit à portée des alimens qui lui conviennent pour vivre.

L’espèce de charançon qu’on redoute le plus, est celle qui s’introduit dans les grains de blé : c’est-là qu’elle établit son domicile, pour manger la substance farineuse du grain où elle est logée. Ces insectes sont quelques fois en si grand nombre dans un monceau de blé, qu’ils gâtent tout, & ne laissent exactement que le son,