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Article VI.

Chenille à oreilles.


La chenille à oreilles est ainsi surnommée à cause de deux tubercules éminens, placés de chaque côté de la tête, en forme d’oreilles. Elle est de moyenne grandeur, demi-velue, chargée de tubercules d’où partent des touffes de poils noirs & hérissés. Elle file une coque en forme de réseau, dans laquelle s’opère sa métamorphose en chrysalide. Le papillon qui en sort a les ailes couleurs d’agate : la femelle, plus grosse, a ses ailes d’un blanc sale, & elle ne s’en sert point pour voler. Elle dépose ses œufs autour des jeunes branches d’arbres en forme de spirale. Heureusement que cette espèce n’est pas toujours bien commune ; il est même rare qu’elle multiplie beaucoup. Cependant il y a des années où les couvées sont si abondantes & réussissent si bien, que les pommiers, qui sont les arbres qu’elles préfèrent, sont dépouillés de leurs feuilles par les ravages de ces insectes.


Article VII.

Chenille du chou.


Cette espèce de chenille est la plus redoutable dans les jardins potagers, à cause des dégâts qu’elle y fait. Il est peu d’années qu’on n’en voie paroître un assez grand nombre, toujours trop considérable, par rapport aux dommages qu’elle fait aux plantes potagères. Elle est surnommée chenille du chou, parce qu’elle attaque cette plante préférablement à toute autre. Elle est de moyenne grandeur ; la longueur de son corps est ornée de trois raies d’un jaune-citron ; l’espace qui est entre ces raies, est d’un blanc pâle, quelquefois un peu noir. Le papillon qui sort de sa chrysalide, est de la classe des diurnes : ses ailes, couleur de citron clair, sont piquées de points noirs. Ces papillons sont très-fréquens dans les jardins, pendant toute la belle saison : la femelle ne fait point sa ponte tout de suite comme la plupart des autres papillons ; elle voltige continuellement d’une fleur à une autre, qu’elle quitte à tout instant pour aller pondre deux ou trois œufs sur une feuille de chou : c’est-là qu’elle établit sa famille, afin qu’au moment de sa naissance, elle trouve les alimens qui sont propres à la faire subsister. Les œufs qu’elle pond sont dispersés de tous côtés sur les feuilles du chou ; on ne les trouve point rassemblés en tas, comme ceux des autres espèces ; de sorte que de deux ou trois cents œufs qu’une femelle pond, souvent on n’en trouve pas six qui soient réunis.

Si cette chenille vivoit comme la plupart des autres espèces, on auroit peu de peine à la détruire : il suffiroit de permettre à la volaille, qui en est très-avide, de se répandre dans un jardin ; dans une demi-journée, elle en détruiroit considérablement. Mais cette espèce de chenille ne se montre & ne fait ses plus grands ravages que pendant la nuit : c’est alors qu’elle sort de sa retraite pour dévorer tout ce qui s’offre à son appétit. Pendant le jour elle se tient cachée dans l’intérieur du chou, ou en dessous de ses feuilles, de sorte qu’il est impossible de l’appercevoir. Quand on veut la détruire, il faut donc lui déclarer la