Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 3.djvu/288

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Sur toutes les plantes bulbeuses, formées par un assemblage d’écailles ou de tuniques, tels que les oignons de cuisine, les lis, les hyacinthes, &c., les filamens qui sortent de la bulbe, ne sont pas des chevelus, mais de simples parties fibreuses qu’on peut, à la rigueur, détruire lorsqu’on les replante, sinon lorsqu’elles commencent à darder, parce que ces fibres delicates meurent si elles sont meurtries, & il en pousse de nouvelles. Un seul coup d’œil sur la texture de ces fibres & sur les chevelus, découvrira la différence qui se trouve entre les uns & les autres. La manière d’être des oignons est bien différente du celle des arbres ; plusieurs végètent sans être placés dans la terre, (la squille) fleurissent, & la graine fructifie s’ils sont suspendus dans un lieu dont l’atmosphère soit un peu humide. Ils n’ont donc pas, comme les arbres, un besoin essentiel de leurs fibres ; aussi leur texture charnue se pourrit pour peu qu’elle soit meurtrie : de-là on s’est imaginé qu’il falloit les couper toutes. Donnons encore un exemple pour prouver la nécessité de conserver les chevelus. Une laitue va fournir cette preuve. Levez une laitue garnie de tous ses chevelus & de la terre qui les environne, replantez-la, & elle ne s’appercevra pas d’avoir été déplacée. À présent faites tomber la terre qui environne ces chevelus, & plantez cette laitue, en observant de bien étendre ses chevelus, & de les bien ménager, & plantez une semblable laitue avec la cheville, sans endommager les chevelus : enfin, plantez encore une pareille laitue, après avoir supprimé la majeure partie des chevelus, & vous verrez la différence frappante qu’il y aura dans leur reprise, dans leur retard & dans leur végétation. Cette expérience est simple, aisée à faire, & dissipera les doutes ou les préjugés des plus incrédules. La paresse des jardiniers a été le principe de l’erreur générale ; il a plutôt planté cent laitues ou oignons ébarbés, que quarante qui ne le sont pas.


CHEVELURE, Botanique. Nous avons dit au mot Bractée (voyez ce mot) que les feuilles florales ou bractées, étoient quelquefois placées au-dessus des fleurs, & que très-multipliées & très-divisées, elles formoient une touffe de feuilles ; c’est cette touffe que les botanistes ont nommée chevelure. Cette chevelure ou couronne caractérise la couronne impériale, &c. &c. M. M.


CHEVILLE, CHEVILLER. Morceaux de bois long de six pouces, gros de six lignes à sa base, & de huit à dix à son extrémité, dont on se sert pour retenir les fonds d’une barrique, d’un tonneau, &c. ou simplement la barre qui les traverse. Dans les provinces où l’on consomme des bois minces pour la fabrication des barriques, telles qu’en Bourgogne, en Beaujollois &c. les deux fonds doivent être extérieurement traversés par une barre, & cette barre est maintenue par des chevilles. Voilà donc les fonds doublement soutenus, & par le jable ou rainure dans laquelle entre & sont retenues les planches des fonds, & par les barres fortement chevillées. On est forcé de recourir aux chevilles, parce que les douves trop