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Sa fleur la rapproche des concombres ; elle est petite, jaune-pâle, découpée en rosette. Son fruit est rond, dur, charnu, & n’a aucune cavité dans sa maturité. Les graines rouges, disposées sur trois rangées, sont implantées dans la chair, à peu près dans le tiers de l’épaisseur du fruit. La couleur de la chair est d’un blanc verdâtre : son écorce est verte, marquée de jolies bandes chinées, qui prennent de la queue au point ombilical.

2. Pastèque-Melon d’eau. M. von Linné la classe parmi les concombres, & la nomme cucumis anguria. M. Tournefort l’appelle anguria americana fructu echinato eduli. D’après l’examen le plus suivi, je n’ai vu aucune différence sensible entre ses tiges, ses feuilles, & celles de la précédente. Ce qui la caractérise le mieux, est la forme de son fruit, beaucoup plus long que rond ; son écorce d’un vert foncé, sa chair rouge, très-succulente ; ce qui l’a fait nommer melon d’eau. Sa graine est noire, & elle a le caractère de celle des courges, des citrouilles ; cependant ses bords sont moins renflés, & plus que ceux des concombres. Je pense qu’il sera actuellement facile, d’après ces descriptions, de ne plus confondre ces deux espèces de pastèques, ni les citrouilles & courges, avec les concombres & les melons.

Je ne parlerai pas des courges-oranges, dont la couleur & la forme ressemblent à celles des oranges ; des courges-poires, qui ressemblent, par leur forme, à la poire perle, dont l’écorce est quelquefois singulièrement chamarrée en jaune ou en vert. Elles tiennent plus à l’agrément qu’à l’utilité ; cependant on fait d’excellens beignets avec la courge-orange, lorsqu’elle est encore tendre.

CHAPITRE III.

De la culture des Citrouilles, des Courges & des Pastèques.


Toutes les plantes cucurbitacées, en général, craignent le froid ; les petites gelées les endommagent, & les sont périr, surtout quand la plante est encore tendre ; ce qui porte à croire qu’elles ne sont pas originaires de France.

Comme les chaleurs sont modérées dans le nord de ce royaume, sa culture exige plus de soin que dans son midi, afin que les citrouilles aient le temps d’acquérir leur complette maturité avant les froids, & qu’on puisse les conserver pendant l’hiver. À Paris, on les sème sous cloche & sur couche, dès le commencement de mars, & chaque cloche recouvre cinq à six grains seulement.

Je ne rapporterai point ici toutes les puérilités décrites par les auteurs, sur les préparations de la graine : il faut être bien simple pour y ajouter foi. Choisissez de bonnes graines ; plantez-les avec les soins nécessaires : voilà le grand, & le plus immanquable de tous les secrets.

Au commencement de mai, & rarement plutôt, à moins que la saison n’y invite, on les replante dans un creux préparé à cet effet. Il faut, autant qu’il est possible, soulever & séparer le jeune plant, sans endommager les racines, & surtout sans en détacher la terre, afin que la plante, mise en place, ne s’apperçoive pas d’avoir changé de demeure.