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voit dans sa vessie ouverte ; en H, elle est coupée transversalement, & montre l’arrangement de ses graines I, qui sont en forme de rein, aplaties & chagrinées.

Feuilles. Deux à deux à chaque nœud, très-entières, oblongues, pointues, soutenues par de longs pétioles.

Racine A, grenouilleuse, articulée, grêle, fibreuse.

Port. Tiges d’une coudée, un peu velues & branchues : les fleurs solitaires, placées à l’opposite des feuilles.

Lieu. Les vignes, les lieux ombragés ; la plante est vivace, & fleurit en juin & juillet.

Propriétés. Le fruit est d’abord acide, ensuite un peu amer ; c’est, suivant les uns, un puissant diurétique ; suivant d’autres, il augmente à peine le cours des urines : malgré cette diversité d’opinions, on s’accorde à regarder les baies comme très-utiles dans la colique néphrétique causée par des graviers, avec inflammation ou disposition vers cet état : le fruit est rafraîchissant.

Usage. Les baies récentes, depuis demi-once, jusqu’à deux onces, en décoction dans six onces d’eau ; desséchées & pulvérisées, depuis une drachme, jusqu’à demi-once, incorporées avec un sirop, ou délayées dans cinq onces d’eau. On peut avaler de quatre à six de ces baies crues : leur suc récent & fermenté avec du moût de raisin blanc, se donne le matin à jeun, à la dose de quatre onces. Pour les animaux, les baies récentes se donnent à la dose de quatre onces ; desséchées & pulvérisées à la dose d’une à deux onces, dans une livre & demie d’eau.


COQUILLAGE, COQUILLE. C’est à ces substances, c’est au débris des madrépores, des lithophites ; en un mot, à tous les débris des logemens des insectes, soit de mer, soit d’eau douce, que l’on doit attribuer la formation des faluns immenses de Tourraine ; c’est à ces débris pulvérisés & atténués à l’excès, que la craie doit son origine, ainsi que la pierre calcaire, les marbres, &c. Pour rendre raison de ces phénomènes, il faut considérer les coquilles sous trois points de vue différens.

I. Les coquilles entières ont été rassemblées en masse, & souvent par couche de plusieurs pieds : tels sont ces grands bancs d’huîtres, longues souvent de près d’un pied, sur trois à quatre pouces de largeur, & dont on dit que son analogue vivant se trouve aujourd’hui aux grandes Indes. L’on trouve ces bancs, devenus fossiles, dans le bas Dauphiné, la basse Provence, le bas Languedoc, & ces huîtres sont mêlées avec de l’argile plus ou moins pure ; quelques-unes sont encore dans leur premier état, & d’autres ne sont lapidifiées qu’en partie. Je crois que la substance même de l’animal est une des causes principales qui a le plus concouru à la lapidification : dans cet état, les coquilles ne contribuent pas plus à la bonification des champs, qu’un morceau de pierre calcaire.

Si la coquille a resté dans son état naturel, & que, dans cet état, elle ait été brisée par parcelles, alors le frottement des unes contre les autres les a usées, les a limées, & en a converti une certaine quantité en chaux naturelle ; alors ces détritus peuvent former un excellent engrais.