Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 3.djvu/502

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épais & plus court : cet amendement contribue à détruire les mauvaises herbes, ou du moins il n’en produit pas comme le fumier. Telle est la méthode dont on se sert pour améliorer les terres stériles & marécageuses. »

» Les habitans du pays répandent un peu de fumier ou de litière sur la terre, & sèment par-dessus des coquilles, lorsqu’ils veulent faire croître des pommes de terre, & ils les plantent, ou à un pied les unes des autres, ou quelquefois dans des sillons, à six ou sept pieds de distance. Au mot Pomme de terre, on trouvera la manière de les cultiver dans ce pays. »

» Les trois premières années, les pommes de terre occupent le terrein ; on le laboure à la quatrième & on y sème de l’orge : la récolte est fort bonne pendant plusieurs années de suite. »

» On remarque que les coquilles réussissent mieux dans les terreins marécageux, où la surface est de tourbe, parce que la tourbe est le produit des végétaux réduits en terreau, & dont les parties salines ont été entraînées par l’eau. »

» En creusant à un pied de profondeur, dans presque tous les endroits autour de la baie de Londonderry, on trouve des coquilles & des bancs entiers qui en sont faits ; mais ces coquilles, quoique plus entières que celles qu’on apporte de Shell-Island, ne sont pas si bonnes pour amender des terres. » (Il auroit fallu indiquer la différence qui se trouve entre les espèces de ces coquilles, & les premières, ou si ce sont les mêmes. Je regarde les coquilles d’huîtres comme les meilleures, parce qu’elles sont plutôt attaquées par les météores, à cause de leur porosité, & des couches écailleuses dont elles sont formées.) »

» La terre, près de la côte, produit du blé passable, & les coquilles seules ne produisent pas l’effet qu’on en attend, si on n’y met un peu de fumier. »

Cette dernière remarque de l’Archevêque de Dublin justifie le principe que j’ai si souvent répété, (voy. le mot Amendement) & que je répéterai plus souvent encore dans le cours de cet Ouvrage. Pour qu’un engrais agisse, il faut qu’il soit réduit à l’état savonneux, afin qu’il soit soluble à l’eau, & que, dans cet état, il puisse s’insinuer dans les conduits séveux de la plante. (Voyez le mot Engrais) Mais pourquoi l’engrais de coquillages réussit-il dans les parties éloignées de la mer, & non pas sur ses bords, jusqu’à une certaine distance ? C’est que le terrein qui l’avoisine, ne manque pas de sel ; il y est entraîné & porté par les vents humides de mer, & déposé avant que ces vents aient pénétré à un éloignement dans les terres. Ce sol n’a donc pas besoin d’engrais purement salin, mais d’engrais animal, huileux, graisseux, &c. afin que ce sel se combine avec ce dernier & fasse avec lui un corps savonneux.

Dans les pays, au contraire, éloignés de la mer, la partie saline est en trop petite quantité ; c’est pourquoi la chaux, la marne, les coquillages, &c. produisent le meilleur effet : la partie animale y est assez abondante ; de manière que le sel marin, ou sel de cuisine, est ici un très-bon engrais, & là il devient nuisible. Ce n’est pas tout : si on