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On trouve, en Provence, une variété de cet arbre, elle produit de gros fruits & on l’appelle acurnier. Ce genre renferme plusieurs espèces, 1°. le cornouiller sanguin, vulgairement appellé femelle cornus sanguinea, Lin. dénomination qui lui vient de la couleur de son écorce. Cette espèce offre plusieurs variétés, les unes à feuilles alternes, très-larges ; les autres à feuilles oblongues, ovales, blanchâtres par-dessous ; celles-ci à feuilles étroites, en fer de lance, vertes des deux côtés, & les nervures du dessous, rougeâtres. Le sanguin d’Amérique a les feuilles très-blanches.

Ces arbres figurent très-bien dans les bosquets d’été : on voit, près de Zurich, des cornouillers taillés au ciseau comme la charmille, soit en boule, soit en if, soit en encaissement au pied des arbres ; enfin, il y sert, comme l’aubépin, à la formation des haies. Le sanguin ou cornouiller femelle pourroit-il être ainsi traité ? C’est un fait à examiner, & que je ne puis, à cause que ce grand arbrisseau est indigène au pays que j’habite. Sa graine semée, lève souvent à la seconde année seulement : comme l’arbre trace beaucoup, on le multiple encore mieux par marcottes. Voyez ce qui a été dit au mot Acacia, sur la manière prompte de se procurer beaucoup de marcottes. Le tronc coupé, les drageons seront plus nombreux.

Les tiges droites du cornouiller fournissent les meilleurs cerceaux connus, à cause du pliant du bois, & sur-tout par rapport à sa dureté, & les faussets pour les tonneaux. Le vin, lors de sa fermentation, ne les pénètre point, & la liqueur ne s’échappe point en dehors, & ne forme pas cette espèce de croûte spongieuse, molle, & de couleur vineuse, qui pourrit peu à peu la douve, & rend ses pores comme des siphons. Lorsqu’on ne peut se procurer du sorbier ou cormier, pour faire les alluchons de lanterne des moulins, il faut préférer le bois de cornouiller à tout autre. Enfin, il fournit aux vignes des échalas supérieurs à ceux de chêne & de châtaigniers, sur-tout si on a le soin de le dépouiller de son écorce. Ces qualités si essentielles doivent engager les propriétaires des forêts de multiplier cet arbrisseau, non dans l’intérieur, mais sur les lisières… Les jeunes pousses du sanguin peuvent suppléer l’osier, pour attacher la vigne contre l’échalas.


COROLLE, Botanique. La corolle diffère essentiellement du calice de la fleur, comme nous l’avons remarqué au mot Calice ; elle est la première enveloppe, l’enveloppe immédiate des parties de la fructification. C’est elle qui les protège, qui les défend des intempéries de l’air ; elle veille à leur conservation, à leur développement, & dans plusieurs plantes, à l’acte même de la fécondation. Ces organes si délicats & si tendres, exposés directement à la pluie, ou aux rayons du soleil, au froid des brouillards, de la rosée, ou aux ardeurs desséchantes de l’atmosphère & de certains vents, avorteroient ou tromperoient les vues de la nature, en laissant échapper les atomes de poussière fécondante, qui doivent exciter le développement des germes.

La corolle est implantée entre le