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nable à ces maladies, consultez les mots Callosité, Éponge, Loupe. M. T.


COUDÉE. Mesure de longueur, prise sur l’étendue qu’il y a depuis le coude jusqu’au bout du doigt du milieu ; ce qui fait un pied & demi.


COUDRIER. (Voyez Noisetier)


COULER. (Voyez Coulure)


COULEUR DES PLANTES. Botanique. Quel est l’homme qui a pu se promener dans un pré émaillé de fleurs, dans un jardin décoré de tout ce que la nature offre de plus riant, de plus Vif, de plus varié en couleurs, sans être émerveillé ? Quel est l’esprit froid qui n’a pas été saisi d’admiration ? Qui n’a pas dit une fois en sa vie, quelle douceur dans la nuance de la rose ? Quelle force dans la couleur de l’oreille d’ours ? Quelle vivacité, quel lustre dans cette anémone ? Quelle profusion dans la tulipe ? C’est l’éclat de l’or ; c’est le brillant de l’argent ! Mais quel est ce morceau de pourpre qui se perd humblement dans cette touffe d’herbe ? Quelle couleur vermeille & entière ? Comme la teinte en est égale & sûre ! C’est la pensée qui, modeste dans son port, & ne demandant rien, sait cependant nous fixer par sa douce odeur & la beauté de sa nuance ! Quel charme répandu sur tous ces êtres brillans ! Comme la nature a su mêler ses couleurs ! Comme elle les a distribuées & opposées ! Savante dans la fonte de ses nuances, jamais de ces tons faux & désagréables, qui fatiguent & repoussent l’œil ; jamais de ces contrastes mal-adroits, de ces écarts ignorans ; toujours des beautés & de l’intelligence. Sur un fond vert, de différentes teintes, elle a dessiné ses grouppes avec une variété infinie. Si quelquefois le vert est triste & la couleur sombre, défiez-vous de l’individu qui en est coloré, il est dangereux. Les sucs qui circulent dans ses vaisseaux, portent avec eux le désordre & la mort : la nature vous avertit du danger ; mais ne regardez pas toujours cette loi comme générale : hélas ! souvent les appas de la beauté cachent un cœur perfide, & le poison est couvert des plus riches couleurs ; redoutez le rose léger de l’anémone des bois, le violet foncé de l’anémone pulsatille, le pourpre éclatant de la grande digitale, le jaune doré de la vermiculaire brûlante, le tendre incarnat de la lauréolle gentille & du pain de pourceau, l’indigo de la lobélie brillante, le gris blanchâtre de la pomme épineuse, &c. &c. Nimium ne crede colori.

Nous contenterons-nous simplement d’admirer les charmes & les beautés de la nature ; de les détailler, & de les contempler les unes après les autres, d’accorder notre hommage à chaque fleur ? Ne chercherons-nous pas à pénétrer son sanctuaire, à la voir travailler & broyer ses couleurs ? Quels principes, quelles substances emploie-t-elle pour dessiner ses tableaux ! N’a-t-elle qu’un seul moyen, qu’elle modifie à volonté, & qui, dans ses mains ingénieuses, prend toutes les nuances qu’elle désire, ou bien la matière colorante qu’on peut extraire des plantes, les terres qui entrent dans leur composition, le fer que l’analyse