Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 3.djvu/627

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& vous trouverez la solution du problême des jachères. Souvenez-vous de l’adage de Columelle : « Le champ doit être plus foible que le laboureur ; si le fonds est plus fort, le maître sera écrasé » ; c’est-à-dire, qu’il ne retirera pas de son sol tout ce qu’il est en droit d’en attendre.

4°. Les jachères sont inconnues en Chine, dans la Flandre françoise, en Artois, &c. & aujourd’hui dans un grand nombre de cantons d’Angleterre, depuis que la culture des turnips, des carottes, &c. y a été introduite. Si votre terre est bonne, semez du trèfle, (voyez ce mot) sur vos blés même, & jamais la terre ne reposera : si le fonds est de médiocre qualité, du sainfoin ou esparcette, de la luzerne ; enfin des prairies, si le climat le permet. Enfin, la terre ne doit rester nue, que le moins de temps qu’il est possible.

Conclusion.

De ce qui a été dit sur l’humus, sur les herbes, sur les jachères, il en résulte nécessairement ces conséquences ;

1°. Que les labours contribuent seulement, d’une manière indirecte, à créer la terre végétale ;

2°. Qu’ils aident sa combinaison avec les autres substances dont la sève est formée ;

3°. Que de trop fréquens labours, donnés à des intervalles trop rapprochés, sont non-seulement inutiles, mais nuisibles, puisqu’ils mettent obstacle à la combinaison des principes ;

4°. Que le but des labours est de diviser les molécules de la terre, afin de faciliter l’accroissement des racines & de faciliter à cette terre l’absorption des principes répandus dans l’atmosphère ;

5°. Que les labours seuls, ou unis aux engrais, doivent tenir la terre soulevée au point qu’elle ne retienne ni trop ni trop peu d’eau, mais la quantité proportionnée à la nature de chaque plante. C’est, à mon avis, le point le plus essentiel de l’agriculture, & après la formation des principes de la sève, celui qui doit le plus occuper le cultivateur.

Je sais que ces principes contrarient presqu’ouvertement les méthodes reçues. Je ne me cache pas que je heurte de front des coutumes transmises de père en fils, depuis un grand nombre de siècles : cependant j’ose dire que j’ai pour moi une sorte de raisonnemens conformes aux loix de la nature ; l’exemple des prairies, soit naturelles, soit artificielles, converties en terres à blé ; enfin, l’exemple de plusieurs peuples qui ont senti la nécessité & les avantages d’alterner, ou de faire croître des herbes pendant l’année appelée de jachère, lorsque le climat ou leur position ne leur permettoit pas d’alterner. Si on me prouve que mes principes sont faux, & qu’on veuille m’en faire connoître de meilleurs, j’abandonnerai les miens pour adopter les autres ; & je les adopterai avec la plus grande reconnoissance pour celui qui m’aura instruit.


CUSCUTE ou EPITHYME ou AUGURE DE LIN. (Voy. Pl. 16, p. 544) M. Tournefort la place hors de rang dans son appendix, il l’appelle cuscuta major : M. von Linné la nomme cuscuta europæa, & la classe dans la tetrandie digynie. Elle est ici représentée sur un chamædris, parce