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pieds de diamètre sur neuf à dix de hauteur : voici leurs proportions. Si on adosse ces cuves contre un des angles des murs du cellier, l’épaisseur de douze à quinze pouces suffit ; celle des murs de séparation, de quinze pouces ; celle des murs de face, de deux pieds quatre pouces par le bas, réduits à dix-huit pouces d’épaisseur dans la partie supérieure. L’expérience a justifié la solidité de ces proportions. Dans les cuves ainsi construites, toute la partie intérieure de la maçonnerie est montée perpendiculairement, & la réduction de vingt-huit pouces à dix-huit est prise sur la partie extérieure des murs de face.

Avant de songer à élever ces murs, il faut auparavant avoir fait un massif de maçonnerie ordinaire, de trente pouces de hauteur au-dessus du sol, & par-dessus étendre un lit de béton d’un pied d’épaisseur. Cette élévation facilite le service de la cuve, lorsqu’on tire le vin ; & dans le cas qu’on fasse fermenter des vins blancs, après les avoir mis sur le pressoir, comme on le pratique dans quelques endroits du royaume, on approche la barrique sous la cannelle ; elle se remplit, on ferme le robinet, on remplit une nouvelle barrique, & ainsi successivement.

Ce lit sera incliné vers la partie antérieure de la cuve, afin que le vin puisse s’écouler entièrement par la cannelle implantée à la base du mur de face. C’est sur ce lit que doivent prendre naissance tous les murs du pourtour & de séparation.

Un ouvrier adroit &. intelligent peut donner même inclinaison sur la partie intérieure, que dans les cuves en bois ; le tout dépend de la manière dont il formera les côtés intérieurs de son encaissement ou plutôt de son moule.

Il est bien plus essentiel que la cristallisation des murs d’une cuve soit égale par-tout, que pour ceux d’une cave. (Voyez ce mot) Il est donc nécessaire de prendre des précautions en les élevant : à cet effet, on formera des couches de béton de trois pouces d’épaisseur. Des ouvriers, armés de battoirs semelés de fer, massiveront cette couche, en formeront une nouvelle qu’ils massiveront ainsi successivement. Pendant les heures des repas des ouvriers, on couvrira ces couches avec de la paille mouillée : si la chaleur du jour est forte, on aura la même attention, lorsqu’ils quitteront le travail à l’approche de la nuit. Le lendemain matin, ils enlèveront ce lit de paille, & passeront sur toute la superficie de l’ouvrage une légère couche d’un lait de chaux, & cette couche facilitera l’union intime du travail du jour & du travail de la veille : c’est ainsi qu’on achèvera les trois cuves, & plus, si on le désire. Toute l’opération finie, il ne reste plus qu’à tenir les fenêtres du cellier fermées, afin d’y conserver la fraîcheur. La saison la plus convenable à cette espèce de construction est le commencement du printemps : dans les grandes chaleurs, le béton cristallise mal, l’évaporation de l’eau surabondante est trop rapide.

Les cuves montées en la pouzzolane, (voyez ce mot) se construisent à l’instar des maçonneries ordinaires. La seule différence consiste à mettre moitié chaux, un quart de sable & un quart de pouzzolane, & lorsque les murs sont faits, de passer