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DÉGOÛT, Médecine Rurale. ☞ Manque d’appétit, répugnance que l’on éprouve à la vue des alimens, & sur-tout de quelques-uns en particulier. Il peut être occasionné par la privation des sucs digestifs dans l’estomac, par le vice de la salive, par la distension des fibres de l’estomac.

Les remèdes curatifs sont une privation de tout aliment, & sur-tout des alimens animaux, pendant un, deux & même trois jours, il faut les suppléer par une abondante boisson d’eau froide, peu à la fois, & souvent répétée. Voilà pour ceux qui ne se complaisent pas à prendre des remèdes : si le dévoiement survient, c’est la meilleure médecine. Pour les autres, il convient d’évacuer l’estomac de toute crudité, soit par l’émétique ou par les purgatifs ; d’exciter une plus grande sécrétion du suc gastrique ; d’émousser, par les tempérans & les adoucissans, l’acrimonie bilieuse, chaude de la salive stomacale ; de corriger l’acidité dominante des fermens de l’estomac par les absorbans.

Les femmes enceintes sont souvent dégoûtées : la diète, non aussi sévère que celle dont on vient de parler, est nécessaire, & sur-tout une abstinence absolue de tout aliment qui leur répugne, ordinairement les viandes. C’est le cas alors de vivre de végétaux, de les assaisonner avec des aromates, & sur-tout avec les acides, afin de détruire la tendance à la putréfaction des humeurs. Souvent la nature excite en elles des désirs, des appétits Singuliers, qu’il est très-important de satisfaire, puisque c’est la voix du besoin qui s’explique.


DÉGOÛT, Médecins vétérinaire. C’est une aversion que tout animal a pour la nourriture. Le dégoût peut être produit par plusieurs causes : il est des chevaux, des bœufs, des moutons, &c. qui se dégoûtent pour un brin d’herbe moisie, un peu d’ordure qu’ils auront trouvée dans le foin, dans la paille, dans le son, dans l’avoine, ou pour avoir bû l’eau mal-propre.

Le dégoût reconnoît encore pour cause, toutes les maladies qui ont leur siége dans la bouche, telles que la blessure des barres, le lampas dans le cheval, les aphtes, le chancre à la langue dans le bœuf, l’inflammation des glandes amygdales, de celles du palais & de l’arrière-bouche, & la saburre de l’estomac & des mauvaises digestions, dans presque tous les animaux domestiques.

M. de Soleysel dit, « que si l’on ne connoît pas la cause pour laquelle un cheval est dégoûté, il croit qu’il est à propos au matin, de lui donner un coup de corne, ou de le saigner au palais avec la lancette. » Quoique cet expédient pour remettre les chevaux en appétit, soit généralement adopté à la campagne, il nous, paroît très-absurde, & par conséquent peu propre à remplir les vues qu’on se propose.

Le traitement, au contraire, qui convient, doit varier suivant les causes qui y donnent lieu ou qui l’entretiennent. Le dégoût provient-il de la mauvaise qualité du foin ? de la paille, de l’avoine, ou bien de ces alimens pourris, moisis ou gâtés, ou d’une boisson mal-propre ? les bons alimens y remédient en rappelant l’appétit ? Reconnoît-il pour cause des aphtes, des ulcères, des chancres dans la bouche ; on y remé-