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diera facilement par les remèdes propres à tous les maux ; (Voy, Aphtes, Chancre, Ulcères) Mais vient-il de la saburre contenue dans l’estomac, des mauvaises digestions, de la crudité du chyle, les purgatifs rempliront les indications, en un mot, dans toutes les circonstances où le dégoût ne sera que symptomatique, & non essentiel ; on ne pourra rétablir l’appétit de l’animal, qu’en combattant la maladie principale par les remèdes appropriés. M. T.


DÉGRADATION ou DIMINUTION DE VALEUR. La main du temps dégrade les bâtimens des métairies, la vieillerie détériore les forêts, diminue le prix du bétail ; mais la négligence de l’homme est plus active que la faulx du temps ; je n’oublierai jamais la belle leçon qu’a donnée l’immortel Francklin dans un ingénieux délassement de ce grand homme : Moyen de s’enrichir, enseigné clairement dans la préface d’un vieil almanach de Pensilvanie, intitulé le Pauvre Henri à son aise : « une petite négligence peut porter un grand préjudice, car faute d’un clou, on a perdu un fer, faute d’un fer on a perdu un cheval ; & faute d’un cheval, on a perdu un cavalier, qui a été surpris & tué par les ennemis ; le tout faute d’une petite attention à un clou d’un fer à cheval. » Que de châteaux, de métairies, de fermes, de granges &c. perdus, & qui n’offrent plus qu’un monceau de ruines, le tout pour n’avoir remis en place une tuile dérangée ou qui manquoit ! On doit en dire autant des terres situées aux bords des rivières, des ruisseaux, ou en pente ; une pierre auroit fermé la première petite rigole, le premier petit ravin ouvert par les eaux ; on l’a négligé dans le principe, bientôt la dégradation est à son comble, & toutes les réparations inutiles. Il en est ainsi des domaines & des terres données à ferme : l’agriculteur vigilant répare sans peine les petites dégradations, & à moins des cas extraordinaires, ses bâtimens, ses champs sont toujours dans le meilleur état possible. Il n’est pour voir que l’œil du maître ; & cet œil fait plus de besogne que ses deux mains, comme dit le pauvre Henri.


DÉGRAISSER LE VIN, (Voyez Vin)


Dégraisser, Médecine vétérinaire. Ce mot se dit d’une opération imaginée par les anciens maréchaux, & pratiquée encore par ceux de la campagne, laquelle consiste, selon eux, à décharger la vue des chevaux.

Cette opération se fait de deux manières ; ou on dégraisse les yeux par le haut, en tirant & en arrachant avec une sorte d’érigne, la graisse qui remplit une partie de la fosse zigomatique, & le fond de la cavité orbitaire ; ou on les dégraisse par le bas ; en extirpant la membrane clignotante, & la caroncule lacrymale. (Voyez Caroncule lacrymale)

Les maréchaux instruits & éclairés ne pratiquent plus cette opération ; outre que les chevaux n’en retirent jamais aucun avantage, mais plutôt des désordres qui ne se réparent pas aisément dans la suite, c’est que les graisses sont absolument nécessaires pour assujettir le globe infiniment plus petit que la cavité qui le contient, qu’elles