comme s’ils n’avoient pas changé de place, & la même année ils m’ont donné presqu’autant de fruits que leurs anciens voisins restés en place : sur soixante-dix poiriers ou pommiers, je n’en ai pas perdu un seul ; sur vingt-trois pêchers ou pruniers, j’en ai perdu trois. Il faut être de bonne foi & avouer que les pêchers & pruniers fleurirent très-bien, mais ne retinrent point de fruit. Je demande & je prie quelqu’amateur de la culture des arbres, s’il lui reste le plus léger doute, de répéter l’expérience, & de juger par comparaison, en conservant autant de terre qu’il pourra autour des racines lors de la déplantation. De quelle manière faut-il planter ? (Voyez ce mot.)
DÉPOTER, est synonyme avec décaisser ; (Voyez ce mot) la seule différence est que la plante est dans un pot, & l’autre dans une caisse. On dépote parce que les racines occupent presque tout son intérieur, & ses parois sont tapissées de chevelus blancs. Les jardiniers ordinaires ont grand soin d’ôter ce qu’ils appellent la chevelure, & ils regardent ces petites ramifications des racines comme inutiles ; la nature fait-elle donc quelque chose envain ? Si vous mettez la plante en pleine terre ou dans un vase beaucoup plus grand qu’elle demande, ces chevelus perdront bientôt la forme circulaire à laquelle les parois du vase les avoient réduits, & ils s’étendront ou horizontalement ou perpendiculairement suivant le besoin de la plante.
DÉRACINER. Ce mot répond à peu près à celui d’arracher, lorsqu’il s’agit de tirer de terre un arbre, une plante, &c. parce qu’on ne les déracine pas sans casser, mutiler, ou briser les racines. Ce mot a une autre signification ; par exemple, l’eau d’un torrent qui passe au pied d’un arbre en enlève la terre, met à nu les racines, couche le tronc en tout ou en partie, ou l’entraîne ; ce torrent alors déracine l’arbre.
DESCENTE. (Voyez Hernie)
DESSÈCHEMENT, signifie dissiper l’humidité superflue & rendre sec. Tout terrein à dessécher est ou horizontal, ou a une pente quelconque. Dans le premier cas, l’opération est très-difficile & très-coûteuse ; dans le second, rien n’est plus aisé, quoique dispendieux dans beaucoup de circonstances.
CHAPITRE PREMIER.
Causes du Nivellement des terreins aquatiques.
Les terreins de niveau sont communément formés ;
1°. Par la mer qui s’en est retirée ensuite en accroissant chaque jour les dunes sur les bords. Une grande partie de la Hollande, de la Flandre françoise & autrichienne est dans ce cas, depuis la séparation de l’Angleterre du continent. Pendant sa jonction avec la France, les marées se trouvant retenues entre les côtes de France, de l’Angleterre, & de la partie élevée de l’Allemagne qui avoisine la mer, s’élevoient beaucoup plus alors qu’elles ne s’élèvent aujourd’hui, & retenoient les sables charriés par le Rhin, & les bonnes terres entraînées par la Meuse, qui se sont successivement déposées dans