Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 3.djvu/8

La bibliothèque libre.
Aller à la navigation Aller à la recherche
Cette page a été validée par deux contributeurs.

calice divisé en cinq folioles oblongues, aiguës, obtuses, concaves ; les femelles sont composées d’un pistil renfermé dans un calice d’une seule pièce, oblong & aigu.

Fruit. La fleur femelle produit une semence ronde, s’ouvrant en deux parties, renfermant une amande ; & la graine est contenue dans le calice.

Feuilles, portées par des pétioles, découpées en cinq folioles sur la plante mâle ; les trois supérieures sont en forme de fer de lance, dentées ; les deux inférieures très-entières & plus petites. La plante femelle a ses folioles plus petites & dentées.

Racine, ligneuse, en forme de fuseau, fibreuse, blanche.

Port. La tige s’élève, suivant les terreins & les saisons, depuis quatre jusqu’à huit pieds ; elle est rude au toucher, velue, quarrée, creuse. Les fleurs naissent au sommet des aisselles des feuilles ; les femelles rassemblées, les mâles disposées en espèce de grappe. Les feuilles sont placées alternativement.

Lieu, originaire des Indes ; la plante est annuelle.

Propriétés médicinales. Les feuilles ont une odeur forte, pénétrante, semblable à celle de l’opium ; elles sont amères & âcres au goût. La semence est presque insipide ; la plante est narcotique, adoucissante, apéritive, résolutive. Avec les feuilles & les semences écrasées, on compose des cataplasmes très-résolutifs. Dans les Indes Orientales, on prépare avec les feuilles pilées & bouillies dans l’eau, une liqueur qui enivre.


CHAPITRE II.

De la culture du Chanvre.


La guerre actuelle & toutes les guerres maritimes font sentir combien il seroit important de favoriser, par des récompenses ou par des diminutions de droits, la culture du chanvre. Le nord rend le royaume de France son tributaire pour des sommes immenses, qu’on pourroit facilement diminuer de moitié si on exemptoit de taille, de dîme & autres impositions, les champs cultivés en chanvre. On croira peut-être au premier coup d’œil, que pour se soustraire à la pesanteur de l’impôt, chaque particulier convertira ses champs en chenevière. Il est permis à ceux qui ne connoissent pas la nature de la plante dont il s’agit, de penser ainsi : elle aime la chaleur, mais pas trop forte, un terrein bon & léger, & humide en même-temps. Or ces trois qualités sont rarement réunies. On connoît beaucoup de provinces en France où cette culture est entièrement ignorée. (C’est à MM. les Intendans & les Curés à l’y introduire, ceux-ci par l’exemple, & ceux-là en donnant des gratifications. La guerre se termine, les besoins urgens cessent, & on ne pense plus à la disette passée.)

I. Du choix de la graine. Une qualité indispensable est qu’elle n’ait qu’un an, parce que la graine de chanvre a une tendance singulière à rancir. Pour se convaincre de sa qualité, il convient de prendre sans choix quelques graines dans le monceau ; & avec les dents de devant, d’écraser la coque, sans la mâcher, & d’en séparer la petite amande qu’elle contient ; enfin, de mâcher cette amande qui doit être douce & avoir le goût de noisette. La coque ou enveloppe contient une huile essentielle, âcre, qui communique son goût & son odeur à l’amande, si on les mâche