Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 3.djvu/9

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ensemble. Si la graine est bonne, l’amande sera douce ; si elle a déjà ranci, la graine ne germera pas.

Toute graine dont l’écorce est de couleur blanche ou vert pâle est vide en dedans, & l’amande est mal nourrie : si l’écorce est luisante & sa couleur tirant sur le brun, il est à présumer que la coque est pleine & la graine bonne à semer : si en la froissant légérement entre la paume des mains, elle ne se casse & ne se brise pas, si l’écorce devient plus nette, plus luisante, c’est bon signe.

J’insiste sur le choix de la semence, parce que, sans ces attentions préliminaires, on se trouve dans la dure position d’avoir perdu du temps, du travail, & il faut ressemer de nouveau.

II. Du terrein propre à une chenevière. La racine du chanvre est faite en forme de fuseau ; donc sa loi de végétation est qu’elle pivote ; & plus elle pivotera profondément, plus la tige s’élèvera. D’après cette idée générale, qui peut servir de base à toutes cultures en se conformant à la manière d’être des racines, on doit conclure nécessairement que le chanvre demande un terrein léger, bien meuble, mais bien substantiel pour nourrir une plante qui s’élève beaucoup & dans très-peu de temps, proportion gardée ; c’est-à-dire qu’il lui faut beaucoup de terre végétale ou humus. (Voyez ces mots). Aussi, le chanvre ne vient jamais plus beau que sur les défrichemens des prés & sur-tout des forêts, parce qu’il a fallu travailler profondément la terre, afin de déraciner les souches ; & les débris des herbes de la prairie & des feuilles des arbres ont formé, depuis longues années, des couches & une ample provision de terre végétale.

III. De la préparation du terrein. Elle se réduit aux engrais & aux labours.

Si on s’en rapporte à M. Hall, Anglois, qui a publié l’ouvrage intitulé, le Gentilhomme cultivateur, il ne faut point enrichir le sol de fumier ; mais si on étudie la culture du chanvre en France, en Suisse, en Allemagne, on verra que le fumier est nécessaire, & cependant M. Hall n’a pas tort. Le fumier tel qu’il sort de l’écurie, & jetté en terre peu de jours avant de semer, ne produit aucun effet, parce que pendant la courte durée de la végétation du chanvre, il n’a pas le temps de se décomposer & de combiner ses parties graisseuses & huileuses avec le sel contenu dans la terre, pour les convertir en substances savonneuses ; (voyez les mots Amendement, Engrais) mais si le fumier est bien consommé, sans cependant être réduit à la qualité de simple terreau, il est constant qu’il produira le plus grand effet. Il sera encore plus considérable, si on le répand avant l’hiver sur le terrein destiné à la chenevière, & si aussi-tôt il est enterré par un fort labour : la combinaison savonneuse a le temps de se préparer & de s’achever avant que cette saison soit venue.

De fréquens & profonds labours sont indispensables, afin de rendre, autant qu’il est possible, la terre douce & profondément meuble. Combien de labours doit-on donner ? c’est la nature du sol qui l’indique. Cessez de labourer, lorsque toutes les mottes & les grumeaux ne subsistent plus.

IV. Quand & comment faut-il semer ? Voici une règle générale. Sous quelque climat du Royaume que l’on habite, il faut semer dès que l’on ne