Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 4.djvu/109

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on éclatte de petits bourgeons tardifs, on peut, sans conséquence, casser quelquefois ; mais hors de ce cas il n’est pas permis de pincer par les bouts. »

« À l’égard des gourmands, (voyez ce mot) on doit, 1°. les conserver tant qu’on peut, proportionnément à la force de l’arbre ; 2°. ne les abattre que dans le cas de nécessité ; 3°. les palisser de toute leur longueur avec leurs bourgeons bilatéraux, en ôtant ceux de devant & derrière ;. 4°. palisser aussi sans rogner ni pincer les bourgeons qui croisent de droite à gauche, des yeux d’en haut de ces gourmands. 5°. Au cas qu’il n’y eût point de place pour les étendre sur le mur, les supprimer en les coupant à une ligne près de chaque œil, le plus tard qu’il se peut, afin d’éviter la pousse de nouveaux bourgeons ; si l’arbre n’avoit point d’autres branches que les chiffonnes, & de faux bois, & que sa jeunesse pût faire présumer son rétablissement, on palisserait de toute leur longueur ces branches foibles, mais en petit nombre. L’arbre seroit alors en état de les nourrir, & à la taille on les couperoit fort court, jusqu’à ce qu’il se remît ; s’il n’y a pas lieu d’espérer du succès, il faut lui chercher un successeur. »

« Quatre sortes d’arbres se présentent actuellement pour être ébourgeonnés : les uns sont nouvellement plantés, ou le sont depuis trois ou quatre années ; les autres, qui ont huit à dix ans, composent la classe des jeunes ; ceux d’un âge formé, & dont l’embonpoint est aussi parfait que l’étendue est vaste, viennent ensuite ; les vieillards se présentent enfin au dernier rang. »

« Parmi ces différentes sortes d’arbres, je distingue ceux qui sont extrêmement vigoureux, de ceux qui sont plus sages & plus reservés ; ceux qui sont malades depuis long-temps, de ceux dont les maladies sont passagères. Les uns ont été bien conduits, & les autres l’ont été fort mal. Quantité de gourmands, & de branches, tant fécondes que stériles, se remarquent à tous ; enfin, la plupart, pour avoir été plantés trop près, se touchent, & leurs rameaux alongés s’entrelacent : il s’agit de prescrire des règles pour ces différentes classes. »

« Une des plus essentielles, est de considérer la nature des bourgeons qui ne doivent pas indiscrètement être jetés à bas. Comme le pêcher est le plus difficile à ébourgeonner, je le prends pour exemple. Ses fruits, au premier palissage surtout, n’étant pas fort gros, & étant cachés sous les feuilles, tombent aisément, si on n’a soin de tâter les branches qu’on veut ébourgeonner, afin d’épargner tous les bourgeons chargés de pêches. Il faut, en outre, avant d’en jeter aucun en bas, le présenter en place ; on connoîtra par-là s’il est dans son ordre naturel, s’il ne forcera pas ou s’il n’éclatera point du bas. »

« J’ajoute qu’il est de conséquence dans cette opération, de conserver soigneusement les feuilles destinées à préserver les fruits des rayons brûlans du soleil, mais aussi toutes les autres, quelque part qu’elles soient. Les feuilles élaborent la sève. (Voyez le mot Feuilles) »

« Deux sortes de branches doivent être supprimées dans les arbres, lors de l’ébourgeonnement ; d’abord celles qui sont irrégulières, infécondes,